(1re partie)
« Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif anechth ousarou. » (Que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Les femmes se jalousent tellement entre elles qu’elles sont capables des pires ignominies. En voici un exemple typique, rapporté par un conte du terroir.Il était une fois un « ag’ellid’ » (roi) qui ne se fiait pas beaucoup aux rapports, que lui font ses espions, à propos de ses sujets. Il voulait voir et entendre par lui-même ce qui se dit à son sujet sur sa manière de gouverner. C’est ainsi qu’il lui arrive souvent de chevaucher « asard’oun » (un mulet) et de se rendre dans les marchés. Là, il mit la capuche de son burnous sur sa tête et écoute ce qu’on dit de lui. Parfois on dit du bien de lui, parfois on le fustige. C’est en prenant le pouls de son peuple qu’il arrive à prendre des décisions justes et acceptées de tous. Un jour qu’il revenait d’un marché et qu’il passait près d’une source (thaâouinte) pour faire boire son mulet, il entend trois jeunes filles venues puiser de l’eau, parler de lui. Il tend l’oreille. La première dit :- Loukan ayi ya-gh ou g’ellid’ ad’ khedmagh idh d’ouas d’eg h’arqanS-ouâqa g-ired’ as tcharagh i k’oufan(Si je devenais l’épouse du roi je travaillerais nuit et jour ses champs, d’un grain de blé je remplirais des silos).La deuxième fille renchérit :- Loukan ayi yagh oug’ellid’ s thad’out’ b-oulli ig sâ seg koul anez’dh as z’dhagh thaghaoussa.(Si je devenais l’épouse du roi avec la laine que produisent ses brebis et ses moutons, de chaque poil je ferais un habit).Quant à la troisième fille loin des préoccupations matérielles elle dit :- Loukan ayi yagh’ oug’ellid’ may vgha rebbi as-d arouagh aqchich vou thounza b-ouragh( SI je devenais l’épouse du roi, si Dieu le veut, je lui enfanterais un garçon à la chevelure de feu (or).Le roi est heureux d’entendre de tels propos. ces jeunes beautés ne le critiquent pas, mais souhaitent pour les deux premières l’épouser, pour l’aider à faire prospérer l’économie du royaume, quant à la troisième, elle veut lui donner un héritier à la chevelure d’or. Il a beau être l’ag’ellid’ (roi) du pays, il n’est pas insensible à de pareilles éloges, surtout qu’il ne s’agissait pas de flatteries bassement intéressées, comme celles qu’il entend souvent au palais.Quand il a suffisamment entendu de derrière les fourrés, d’où il écoutait, il se signale aux jeunes filles en toussotant légèrement, pour ne pas les effrayer. puis il s’approche pour faire boire son mulet. Il les toise une à une du regard, pour apprécier leur beauté. Une fois son mulet abreuvé, il quitte l’endroit et retourne au palais. il envoie un de ses fidèles serviteur, s’enquérir de l’identité des trois jeunes filles afin de pouvoir les épouser. Et, c’est ainsi que d’un seul coup il ajoute trois jeunes à son harem déjà bien garni.Une fois devenues ses épouses, il les réunit toutes les trois et leur dit :- K’em i vghan ird’en athnayenK’em ig vghan thad’out atsayenK’em ig vghan aqchich ala rebbi ig zemren(Toi qui veut du blé, le voiciToi qui veut de la laine, la voiciToi qui veut un enfant, seul Dieu est capable de ceci).Après avoir exaucé le vœu de chacune, la vie redevient monotone au palais. des mois passent sans qu’aucun fait majeur ne se produise, et un jour la troisième femme annonce à l’ag’ellid’, qu’elle est enceinte. Il saute de joie, car c’est la première fois qu’une de ses multiples femmes se trouve dans cet état. A un certain moment, il s’est même posé des questions à son sujet car la crainte de tout roi c’est de découvrir sa stérilité et il n’y a pas de remède à ça ! Dieu merci ce n’était pas le cas.Dès l’annonce de cette formidable nouvelle, l’ag’ellid’ ordonne des réjouissances en attendant la naissance de l’enfant qui peut être un garçon ou une fille, mais il n’attache pas d’importance à ça quand il naîtra, il donnera une fête qui durera sept jours et sept nuits.La future mère est isolée, elle ne devra rien toucher. des servantes sont mises à sa dispositions jour et nuit. Elle a le droit de demander à manger ce qu’elle veut et elle en profite pour demander des plats raffinés et des fruits venant de toutes les contrées. Ses deux co-épouses sont jalouses, elles voudraient que l’ag’ellid’ leur accorde autant d’attention, mais il n’avait de yeux que pour Yamna, celle dont il attend un enfant et si Dieu le veut ce sera un garçon. Les amies d’antan ne le sont plus. Elles sont jalouses de Yamna et voudraient qu’elle meure en couche ou accouche d’un enfant mort-né, afin que l’ag’ellid’ se détourne de celle qui lui a accaparé l’esprit.A quelques jours de la naissance du nouveau-né, l’ag’ellid’ est appelé en urgence dans un autre pays, pour arbitrer un conflit survenu entre deux rois qui sont sur le point de guerroyer. C’est pendant son absence que Yamna met au monde un enfant en chevelure d’or, comme elle l’avait souhaitée « aqchich vou thounza ouragh ».Le bébé né avec une chevelure aux reflets d’or allait contribuer à faire de sa mère la première épouse du roi. Cela, les deux épouses n’en veulent pas. Elles feront tout pour la discréditer aux yeux du roi. Il leur faut trouver une astuce tout de suite, avant que l’ag’ellid’ ne voit son enfant à son retour de mission.
Benrejdal Lounes (A suivre)
