Le dernier quart d’heure des sablières

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Le bâtiment est le poumon de l’économie, dit-on. Cependant, le secteur traverse une période difficile ; les matériaux sont de plus en plus chers, aggravé par l’absence du ciment sur le marché.

Aux sablières d’Akbou, un nouvel épouvantail vient de se profiler à l’horizon, celui du manque de sable ! Tôt le matin, de nombreux camions sillonnent la vallée dans les deux sens. Ils viennent de Sidi Aïch, de Bgayet, de Bouira, d’Alger même, sans oublier ceux de Tizi Ouzou. Les chauffeurs se renseignent sur les prix, accélèrent avec l’espoir de ne pas trop poireauter sur place. Selon certaines indiscrétions, il y a même des camionneurs qui passent la nuit sur place pour être servis en premier, au petit matin.

L’inquiétude a gagné les gérants il y a une année déjà. Après l’interdiction de creuser dans l’oued Soummam, la chasse aux pilleurs fraudeurs et avec une demande constamment à la hausse, les sablières deviennent avares, ce qui débouche sur une note salée à la caisse.

“Le mètre cube coûtait 1 500 dinars. Aujourd’hui, on le paye 1 800 dinars !”, révèle un camionneur. Contrairement aux graviers et autres cailloux, c’est bien le sable qui représente le centre névralgique de la construction et c’est justement ce matériau qui fait tourner la tête aux constructeurs, individus ou sociétés.

C’est donc tout un secteur qui se trouve fragilisé. Laissant ses engins voguer à gauche et à droite, entre entretien et graissage, le gérant d’une sablière déclare : “Nos prérogatives s’arrêtent dans le creux de ce périmètre, indique-t-il avec un doigt pointeur. Comme vous voyez, nous avons atteint le fond et pour un mètre ou deux plus en bas, c’est déjà le niveau de la mer ! Je ne suis pas le seul. Toutes les sablières de la vallée vivent des moments difficiles ; cependant, j’espère que les services concernés se pencheront sur notre cas. Il y va de l’intérêt de tout un pays”.

Pour le moment, les chantiers avancent à petits pas. “L’inquiétude est palpable, mais d’aucuns ne désespèrent malgré tout”, ajoute un autre gérant, d’un ton dépité.

T. D.

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