Invité par l’Union générale des commerçants et artisans UGCAA afin de donner son point de vu, en sa qualité d’économiste, quant au mouvement des exportations, l’ex-ministre des PME-PMI, Réda Hamiani, n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour souligner le retard que l’Algérie a enregistré dans ce domaine. C’est un tableau peu reluisant qu’il a dressé quant à la situation économique actuelle. En se référant à des chiffres, l’invité des commerçants a affirmé que « la balance commerciale est déséquilibrée ». Le volume d’exportation est loin de s’avoisiner à celui lié aux importations. Preuve à l’appui, Hamiani a fait savoir que l’Algérie enregistre, pas moins, de 21 milliards par an en termes d’importation, alors que le volume des exportations hors hydrocarbures est estimé entre 700 à 900 millions de dollars. Un écart important, le moins que l’on puisse dire. Cette année encore, la courbe des exportations est décroissante par apport à celle des importations. Preuve à l’appui, Hamiani a indiqué qu’au cours du premier semestre de l’exercice 2005, il a été enregistré 10 milliards de dollars en termes d’importation, contre, seulement, 465 millions d’exportation. En 2004, par contre, les importations ont atteint les 20 milliards de dollars. Ce qui explique, d’un côté, l’absence des produits algériens dans les marchés internationaux. Et d’un autre, la faiblesse du potentiel productive. Toujours selon le même orateur, la part de l’industrie dans la richesse nationale diminue d’année en année. Elle était de l’ordre de 18% en 2001 et elle ne constitue actuellement que 9%. Ce qui justifie également que l’importation a pris le dessus à l’exportation. Du point de vue de l’économiste, l’exportation se fait très timidement. Mise à part les quelques exemples qu’il a cités à l’image de CEVITAL, SIM et Yaourt Trefle, pour ne citer que ceux-là, Hamiani pense que les entreprises algériennes ne sont pas en mesure de rentrer en compétition avec les opérateurs étrangers. Toujours en terme de chiffres, l’interlocuteur a ajouté que sur les 240 000 entreprises que compte le » parc » économique national, 80% ne répondent pas aux normes mondiales. Plus acerbe, ce dernier atteste, sur le même ton, que « la production nationale est médiocre et qu’elle est loin d’être compatible avec les normes internationales ». L’ouverture commerciale dans laquelle s’est engagé notre pays n’est pas propice pour la relance économique dans la mesure où elle ne privilégie pas la production locale, soutient, en outre l’invité de l’UGCAA. Hamiani à cette occasion, exprimé ses appréhensions quant à l’adhésion de l’Algérie à l’OMC. Selon sa conception, cette démarche engendrera une crise économique, puisque « plusieurs entreprises seront contraintes à fermer ». « Il ne suffit pas d’avoir une vitrine libérale mais d’organiser le marché local et de faire la mise à niveau des entreprises », dira l’orateur avant d’insister sur la redynamisation du secteur économique en introduisant des « changements » surtout à la tête de ceux qui le gère. « Le renouvellement doit se faire d’abord au niveau de la classe politique » dira-t-il de surcroît. Revenant sur les raisons justifiant le fait que la production nationale n’a pas pu se frayer un chemin dans le marché mondial, Hamiani souligne qu’outre la qualité qui fait défaut la politique monétaire de notre pays constitue un grand problème pour les opérateurs nationaux. Le manque de savoir-faire est également soulevé. » La production pour qu’elle soit compétitive, doit être évaluée en devises », a expliqué ce dernier, tout en insistant sur la mise à niveau des entreprises, sur la formation des travailleurs et éventuellement sur le renforcement des partenariats avec les étrangers. « Nous devons avoir des représentants dans chaque pays afin de s’enquérir de tout ce qui ce passe à leur niveau », propose Hamiani. Prenant la parole, Mme Nadjat Benbachir, représentante des chefs d’entreprise, invitée elle aussi par l’UGCAA, a évoqué les entraves auxquelles les entreprises sont confrontées. D’après elle, ce n’est pas le marché qui est informel, mais c’est notre économie qui l’est. « Nous sommes en phase d’une économie informelle « , a-t-elle fulminé tout en ajoutant que « l’environnement économique actuel ne favorise pas la production locale ». « Les gens préfèrent acheter des matériels importés, peu importe la qualité, au lieu de solliciter les producteurs algériens. » Mme Benbachir a critiqué, en répondant à une question d’une journaliste, la réforme bancaire qui, d’après elle, tarde à se concrétiser sur le terrain
Wassila Ould Hamouda