Inutile de tergiverser et de chercher des réponses, ce butin de guerre, comme il plaisait à Kateb Yacine de la qualifier, est purement et simplement en perte de vitesse, pour ne pas dire en voie de disparition. Les différentes réformes initiées par le secteur de l’Education et ce, depuis l’indépendance, ne visaient certainement pas à améliorer le niveau des écoliers dans cette matière qui peut constituer une ouverture sur le monde développé, sur les nouvelles technologies et sur le savoir en général. Hélas, cette langue que nous avons acquise à la sueur de notre front, avec le sang de nos martyrs et avec nos méninges, risque à coup sûr de disparaître une bonne fois pour toutes. Pour comprendre l’évolution de la situation, plutôt la régression significative de la maîtrise de la langue de Molière chez nous, il n’y a qu’à regarder du côté volume horaire et de la qualité du livre scolaire algérien et ce, depuis l’indépendance du pays en 1962. Au départ, l’enseignement est carrément dispensé en langue française. Vers les années 1970, c’était au tour de l’enseignement bilingue de faire son apparition en diminuant sensiblement le volume horaire destiné à la langue du colonisateur. Puis, vint la fameuse réforme d’arabisation et le fondamental, qui ont fini par porter le coup de grâce à l’apprentissage de la langue française. Ce n’est pas avec un volume horaire de trois heures hebdomadaires que l’on va apprendre les rudiments et les principes de base de la langue française. S’il y a vraiment une volonté réelle, de redonner sa vraie place et son vrai rang à cette langue, qui a permis à un nombre important d’Algériens de se faire une place au soleil sur la scène littéraire, scientifique universelle, à l’image de Feraoun, Mammeri, Dib, Djaout et tous les autres que l’on ne peut citer, car la liste est très longue. Les pouvoirs concernés sont invités à revoir leur feuille de route en instituant de vraies réformes, car cela y va de l’avenir de toute la nation.
Nous ne sommes contre aucune langue, mais quand il s’agit de langues qui puissent participer au développement de la nation, il va falloir mettre le paquet. L’anglais s’apprend même en Asie ce n’est pas pour rien que les Chinois, qui sont connus pour être conservateurs, attachés à leur langue et à leurs us, s’attellent à maîtriser l’anglais, un outil technologique sûr. Chez nous, nous avons la chance de maîtriser la langue française qui peut aider à faire évoluer l’état des lieux.
Normalement, on mettrait des mécanismes à même d’augmenter la capacité de maîtriser davantage cet outil “porte ouverte sur le monde” et le renforcer par l’apprentissage de la langue anglaise pour tenir efficacement les rênes du développement et des nouvelles technologies. L’on s’amuse, malheureusement, à détruire le peu que nous possédons.
Hocine T.
