“Le rap, un antidote et un exécutoire”

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“Le rap est pour moi un antidote contre la mal-vie et un exutoire pour soulager les cœurs endoloris”, nous a déclaré en substance badis Samy dont le premier album est paru en France au début de l’année 2010. Dans ce produit, l’enfant terrible de Bougaâ (Sétif), emprunte le lexique des quartiers et exorcise la débâcle par l’humour, un argot qui inscrit ses graffitis au vitriol.

Une langue de l’ironie qu’il met au service d’un rap implacable dont les claques fusent sans appel. Sur les six chroniques en rimes qu’il raconte dans cette aventure initiatique en solo, le rappeur saisit l’air du temps sans s’embarrasser d’orchestrations musicales élaborées. Cependant, il ne mâche pas ses mots et crache son mécontentement sur les hommes de l’Algérie d’en haut sans jamais se départir d’un humour que Badis use sans modération de l’ironie. A première écoute, Ydji N’harkoum (votre jour viendra) tient autant de l’art que du canon. A boulets rouges, il tire sur les imposteurs de tout acabit, en retard sur la révolution, sur le peuple, sur l’histoire et qui tiennent toujours serrée la laisse. Dans une suite logique, Tidets (la vérité). revient sur ses choix et sa démarche. Badis justifie son rap car, explique t-il, “le rap est souvent considéré comme un genre intrus, et l’image que se font les gens du rappeur est loin de refléter la vérité”. Dans une forme narrative, le jeune rappeur raconte des histoires d’amour qui finissent bien. Un conte de fée dans “descente voluptueuse” qui se couronne en… ascension sociale. Il retrace l’histoire rocambolesque d’un jeune qui tourne à l’aigre.

“Arache N’taddarth” (les enfants du village) montrent en épingle la mal-vie d’une jeunesse en voie au désoeuvrement et qui digère mal les signes extérieurs de fortune qu’affichent ostentatoirement les “nouveaux riches”.

En un mot comme en cent, dans une Algérie du factice et du paraître, la force corrosive de l’argent a dissous tous les principes pour rester la seule valeur qui échappe à la dévaluation.

N. Maouche

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