“La réalité des choses est amère”

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Youcef Merah est de ceux qui suivent les traces de légendes de la poésie francophone, il est poète, penseur… Né en 1972 à Souk El Tenine, il a poursuivi ses études supérieures à l’université d’Alger (IEPS Delly Brahim).

Sa poésie porte en elle, la fusion de la vie et de la mort, du jour et de la nuit, du passé et de l’avenir… On peut boire la vie sans goûter les amertumes de la mort. Il se délecte de l’absurdité de la vie, son accent pessimiste élimine les âmes chétives et parallèlement, insuffle le goût du renouveau, de la renaissance à ceux qui vibrent encore la fibre d’amour, de justice et d’humanité. Si certains poètes dissèquent les mots, Youcef les caresse, les berce nostalgiquement aux lecteurs. Ses premières écritures ont commencé en 1994, c’était le temps où le poète prenait contact avec la poésie et s’engageait par ses propres moyens à éditer en 1999 plus de mille exemplaires de son recueil, vendus dans trois wilayas (Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa). Il est affecté particulièrement par l’esprit patriotique, c’est peut-être aussi à travers ses poèmes inspirés par l’amour, le patriotisme et la nostalgie, que le souffle poétique fera son apparition. Ses recueils intitulés “Les griffes du silence” et “Tout dans le feu”, il joue avec les mots clairement exprimés surtout par leur sens caché. Le jeune poète vient de faire son entrée dans la scène littéraire, dans cette interview, il nous a révélé ses ambitions.

La Dépêche de Kabylie : Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

Vous savez avoir un peu plus de 21 ans et faire des études universitaires dans une ville comme Alger qui était à l’époque rongée, par le terrorisme et le désespoir nettement visible sur les faces des gens rendait la vie très difficile et les jours très lourds à supporter ; l’ennui s’installe et donne vie à une certaine imagination, ce moyen de combattre l’amère réalité pour laquelle nous faisons face. L’ennui et le sentiment d’avoir retrouvé son âme sœur affinent tour à tour des traits de convictions sur pas mal de choses concluant l’existence et les aspirations. Un amour est né sous une nuit de printemps et comme vous le savez, les nuits printanières sont remplies de mélancolie et de contemplation, chose qui a laissé une espèce de mauvais impact sur une histoire d’amour née pour vivre de cette main orpheline et condamnée à s’alimenter du fiel de la séparation.

Quelles sont vos premières expériences ?

Plutôt bien, un titre édité à compte d’auteur et écoulé dans une seule région est plutôt un résultat encourageant pour moi.

Un mot sur l’actualité ?

La réalité des choses est amère ! Le pays se noie dans un monde de choses auxquelles il croit le plus, tout en niant tant d’autres, sensées le conduire vers ces idéaux et le jalonner pour ne rien perdre de cette sève insufflée par les aïeux. Tout nous arrive de l’extérieur, même les idées et c’est pourquoi, les jeunes vont au péril de leurs âmes chercher où ils pourraient les mettre en exergue tant que le pays qui les a vu naître, ne dispose d’aucune échelle référentielle et cautionnée. La société collectionne les déceptions, elle a accepté qu’elle soit la longue haleine d’une âme corvéable. L’actualité algérienne ressemble à un cursus sans examen ni interrogation, on paye pour pouvoir mentir et on prend pour faire semblant de bien écouter ou de n’avoir rien appris.

Des projets ?

Un deuxième recueil de poésie sera édité incessamment, il s’intitulera “Les griffes du silence”.

Propos recueillis par Y. Merar

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