Aït Abdelmoumène, un village en fête

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Comme pour “pimenter” l’évènement d’un bon “alliage” au naturel, le bon Dieu a “gratifié” la région d’un temps clément, signe de belles journées printanières. La levée du jour s’est faite un peu tôt que d’habitude. Les placettes du village à travers les différents quartiers grouillaient de “volontaires”. Les générations entières se sont donc retrouvées autour d’un idéal, ô combien sacralisé chez nos ancêtres, celui de la solidarité et de l’entraide. Les préparatifs, mais surtout le “passage à l’acte” ont pris l’allure d’une symphonie “portorale” qu’exécutaient admirablement les villageois, qui dans le moindre de leurs gestes, renvoyaient merveilleusement aux principes d’entraide, de sagesse qui constituaient, jadis, les valeurs sociles de la Kabylie. Les “anciens” du village d’Aït Abdelmoumène, les imgharene comme on les appelle ici, disparus, étaient là. On sentait leur présence, du haut de leur “piedestal”, ils ont dû admirer cet élan de cœur, la resurgence de l’existence collective d’un village. Alors que les milliers d’habitants d’Aït Abdelmoumène veillaient au grain, les idylliques monts du Djurdjura renvoyaient justement cette fierté que les Ath Abdelmoumène adaptaient joyeusement. Et dire que ce n’est guère facile d’aborder une telle initiative “collective” dans un contexte où l’utilitalisme prend le dessus sur les valeurs de l’altruisme. C’est indéniablement là l’intérêt de l’offrande ou timechret, organisée par les habitants d’Aït Abdelmoumène en ce sens que cela peut ébaucher une réelle dynamique pouvant déboucher sur une refondation, à la base, des rapports entre villageois. C’est aussi l’illustration parfaite d’un besoin qui se fait “terriblement” sentir, celui de se rencontrer, dans un climat de fraternité.

Quant Aït Abdelmoumène donne l’exemple

Peuplé de quelque 800 âmes, le village Aït Abdelmoumène surplombe admirablement les basses plaines de la commune de Tizi N’tleta, à quelque 10 km du chef-lieu de daïra des Ouahias. Il représente un carrefour menant vers plusieurs localités à l’image de Beni Douala, Mechtras, Souk El Tenine, et bien sûr les Ouadhias, un emplacement stratégique aux avantages indéniables mais aussi aux inconvénients divers. C’est un village qui porte dans ses murs, et autres coins et recoins, l’histoire d’une résistance durant et post-révolution. C’est aussi l’incarnation d’une Kabylie qui ne veut nullement baisser les bras pour laisser libre cours aux “pyromanes”, chargés de mission, celle de la destruction des valeurs humaines et de “l’honneur kabyle”. L’action d’avant-hier représente, au-delà de son aspect purement “local”, un exemple à suivre pour les autres régions afin de puiser du patrimoine ancestral kabyle, des valeurs historiques, culturelles entre autres, à même de leur permettre de sortir la tête de l’eau, dépasser les clivages alimentés par des intérêts mesquins d’une côte de “prédateurs”, et amorcer le processus de réhabilitation, la vraie. Que c’était agréable de voir les jeunes Ahcène, Omar, Madjid, Amirouche et les autres côtoyer da Salem, da Moh dans un souk de communion, une symbiose liant deux générations. Beaucoup, étaient, ceux qui priaient pour ne pas voir les ténèbres de la nuit tombante, venir gâcher un tel moment de retrouvailles et interrompre cette foi collective. Une certitude, les ath Abdelmoumène ont, tous, eu le même sentiment, la même fierté. Ils ont cette fois-ci, le “temps” d’admirer, au milieu d’une pluie fine et d’un froid “clément” leurs journées en espérant que la prochaine ne sera pas dans 20 ans.

Omar Zeghni

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