L’inexistence d’industrie à Aïn El Hammam est à la base d’un taux de chômage, des plus préoccupants, particulièrement au sein des moins de quarante ans, diplômés de l’université. Les seules offres d’emploi disponibles ne concernent que certains petits métiers du bâtiment ou dans le commerce où l’on recrute des vendeurs pour “une bouchée de pain”.
Des débouchés qui drainent, essentiellement des jeunes filles, ne pouvant se déplacer loin de chez elles, et que l’on exploite, pour 5 000 dinars, mensuellement. Les sortants des universités n’ont d’autre espoir que le bureau de l’Anem où on leur délivre une carte bleue, synonyme d’un possible emploi. Cependant, à l’image du local dont l’espace permet tout juste l’installation du mobilier de bureau, le nombre de jeunes placés par l’Agence se compte sur les doigts d’une seule main. Le responsable local, à qui nous avons demandé de nous communiquer le nombre de demandeurs d’emploi ainsi que celui des demandes satisfaites, durant l’exercice précédent, n’a pas jugé utile de répondre à notre requête. Les jeunes que nous avons rencontrés, dans le hall, sont plus bavards. Ils nous font part de leur colère et surtout de leur désespoir de se voir un jour, attribuer un poste de travail. Certains d’entre eux attendent depuis quatre ans, voire plus, qu’on leur fasse signe. “Je ne renouvelle plus mon inscription, tous les six mois, comme au début”, nous rappelle un manœuvre, pourtant diplômé en biologie. Les filles sont, paraît-il, prioritaires, puisqu’elles ne doivent pas présenter la carte militaire. Or, comme pour les sorties à l’étranger, le discours officiel spécifie que le service national ne doit plus être une entrave pour l’emploi. Par manque d’informations ou d’instructions écrites, on continue à faire de la carte militaire la base d’un dossier. Un autre jeune, surpris en train de lire les offres d’emploi, nous dit qu’il doit attendre son tour, à l’extérieur, vu l’exiguïté du bureau.
“De toutes façons, ce ne sont pas les dimensions de l’Agence qui vont résorber ce déficit qui s’accumule d’année en année. Les offres, venant de la zone industrielle de Oued Aïssi ou de Tizi-Ouzou, n’arrivent pas jusqu’à Michelet. Elles sont distribuées en cours de route”, ironise-t-il. Cette impression d’être oubliés de tous, revient sur toutes “les bouches”.
“Michelet est devenu la cinquième roue du carrosse, personne ne s’y intéresse. Même l’Etat semble l’avoir oublié”.
Les privés, quant à eux, investissent ailleurs, alors que les autorités semblent avoir d’autres préoccupations que le chômage. L’exode rural est plus que jamais d’actualité. La ville et les villages se vident de plus en plus. Dans quelques années, il n’y restera que les vieux et ceux qui n’ont pas pu partir.
A. O. T.
