Page animée par Hadjira Oubachir
«Il faut bien comprendre que l’art n’existe que s’il prolonge un cri, un rire ou une plainte». Jean Cocteau «la difficulté d’être».
Soleil sur les toiles
Les artistes maliens ont des difficultés à trouver des endroits d’expositions. Grâce à l’initiative franco-malienne, est née en 2003, l’association Soleil, pour promouvoir les œuvres d’artistes maliens. Ils sont choisis pour leur talent, leur créativité et leur motivation qu’ils soient autodidactes ou diplômés de l’Institut national des arts de Bamako (i.n.a).
L’association Soleil a crée une galerie au Mali afin de réunir des artistes pour des expositions en France tout au long de l’année et faire connaître l’art malien au-delà des frontières afin de revaloriser le patrimoine culturel malien.
Huit artistes sont à ce jour membres actifs de l’association dont deux femmes de talent, Tary Keita et Sira Sissoko.
Sira Sissoko
Sira Sissoko, artiste peintre, était en 1996, la seule femme dans sa spécialité car au Mali, l’artiste est la cible des préjugés. A Bamako les artistes sont souvent qualifiés de paresseux.
Professeur en histoire de l’art et mère de trois enfants, très engagée, elle décide de relever le défi et d’affronter sa société avec comme seule arme, le courage et la ténacité.
Après ses études en art plastique à l’ina, de 1991 à 1996, elle fait un stage chez une canadienne peintre qui l’a initiée à la confection de cadres, de montage d’expositions et le recyclage du papier.
Elle donne à son atelier un élan social en initiant des jeunes filles descolarisées et des femmes en difficulté, au recyclage du papier usagé pour en faire des enveloppes, des cadres, des sacs et des abats-jours qu’elles revendent dans des boutiques. Elle donne aussi des cours d’alphabétisation et informe les femmes du danger du sida.
Pour beaucoup d’étudiants faire du papier recyclé est une tâche ingrate. En fait la fabrication du papier précède l’art en lui-même et pour Sira cette étape est importante.
La maîtrise de la fabrication du papier lui permet de préparer le support de l’œuvre en fonction de ce qu’elle veut réaliser.
En 1998, elle est sélectionnée parmi d’autres artistes africains dans le cadre d’un programme d’appui aux artistes, géré par la Banque Mondiale. Elle obtient la possibilité de partir à Washington afin de suivre une formation en papier artisanal à la Pyramide Atlantique.
En août 1998 elle créé « l’atelier Papier Mali » grâce à un financement des Pays-Bas. En 1998, elle fait de nombreuses expositions.
Beaucoup d’ambassades européennes soutiennent l’art et la culture malienne. Ils recrutent des artistes et leur proposent d’exposer leurs œuvres.
Sira Sissoko a reçu beaucoup d’aide de la part de la communauté des artistes de Bamako qui sont conscients des difficultés auxquelles sont confrontées les femmes.
En effet, d’après Souleymane Oulouguem, les femmes apportent à l’art «quelque chose de plus, une touche, une façon de voir, une sensibilité qu’aucun artiste masculin ne peut apporter.»
En 2004, Sira devient membre de l’association des femmes plasticiennes dont le but est de soutenir les femmes qui se lancent dans une carrière artistique.
Sira est une créatrice hors pair. Ses œuvres se composent de papier et de fibres végétales.
Elle récupère le papier usagé, le trempe dans l’eau, l’écrase, le mixe et le presse et pour plus de résistance le mélange aux fibres végétales.
Le mélange ainsi obtenu, elle le teint, le tresse, l’assemble et créé des objets d’art qui sont vendus à des organismes internationaux.
Elle a mis sur pied une micro entreprise permettant aux femmes de gagner dignement leur vie.
Sira Sissoko fait partie des 7 artistes présents au passage Serpentine pour exposer dans une galerie parisienne au cœur de Montparnasse,un espace singulier peu propice aux promenades mais qui a attiré de nombreux passants happés par l’exposition d’œuvres d’art très particulières.
Aujourd’hui, cette artiste est un exemple de réussite et d’espoir pour les femmes et les hommes du Mali.
H. O.