Du rang de révolutionnaires à celui de chefs d’entreprise

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Dans cette conjoncture misogyne et sexiste, la femme algérienne paye les poids cassés, descrimination à l’embauche dans certains secteurs toujours réservés aux hommes, des violations à leur égard, le tout parsemé par un « code de la famille » contesté et aléatoire qui marginalise la femme sous certains angles. Tout est belliqueux, un hématome qui ne guérit toujours pas dans une Algérie meurtrie par des stéréotypes affligeants. La révolution a démontré certes, que la femme algérienne possède des valeurs et un immense courage, parcourant le temps et bravant les obstacles en étant aujourd’hui à la tête de grandes entreprises. La route menant vers l’émancipation des femmes au sein de la société Algériennes fut longue et parsemée d’embûches, la marche de l’empereur a connu ses hauts et ses bas, un combat ô combien sinueux qui durant des années n’a cessé.

La femme algériennes, porte-flambeau de la guerre de Libération aux côtés des hommes, a laissé son empreinte dans l’histoire, des noms qui résonnent toujours, et qui ont donné à la révolution un véritable coup de fouet, portées par des convictions profondes du temps où elles étaient au maquis. Les symboles féminins ont traversé les temps, et aujourd’hui encore, les mères de la révolution continuent d’inculquer les valeurs du sacrifice et du combat aux jeunes générations, à l’image de Djamila Bouhired, Drifa Ben M’hidi et autres.

Dans le contexte singulier post indépendance, la femme algérienne dans toute sa splendeur a marqué les esprits par son courage et son dévouement pour la patrie, mais au fil du temps, les esprits se sont radicalisés au point où la femme est traitée avec mépris. Son combat semble alors avoir cessé, mais elles ont su dire non, au crépuscule des années 80 et 90. Elles sont sorties dans la rue pour dénoncer, et crier leur désarroi d’être marginalisées, demander leurs droits, étudier en bravant les dangers, travailler et démontrer l’importance de leur rôle au sein de la société.

Il va sans dire que les moudjahidate et leurs sacrifices n’allaient pas partir en fumée, dans les sentiers battus de l’oubli et de la misogynie naissante et croissante dans la société, et qui fut un temps et continue de longer les esprits, en témoigne les faits du dernier match de football Algérie- Serbie ou les femmes qui se sont rendues au stade- un droit légitime ont été sifflées, agressées et insultées ! Et pignon sur rue, certaines femmes avaient l’âge de leurs mères. C’est que le combat pour faire évoluer les mentalités demeure nécessaire, et du temps de la révolution, les hommes et les femmes se valaient, où régnait un respect mutuel. Elle soignaient les combattants dans les maquis, transportaient les messages et cuisinaient pour eux, bravant les dangers.

Aujourd’hui, des stéréotypes dépassés continuent de gangrener la société algérienne, mais la femme a su relever les défis et est devenue chef d’entreprise, directrice, meneuse de projets, elles font même des métiers jusque là réservés aux hommes, chauffeurs de bus, garagistes, arbitres de foot, c’est le défi de tous les jours. Hier encore, il était impensable de voir une femme au volant d’une voiture, aujourd’hui les truismes et les clichés commencent à disparaître. Le nombre de femmes chefs d’entreprise Ansej est de 12 000.

Aussi 3,2% du total des femmes actives en Algérie qui est de l’ordre de 18%, notamment dans le secteur de l’entreprenariat, un bon début, même si le taux reste assez faible par rapport au potentiel existant. Les zones rurales restent les plus touchées par l’illettrisme des femmes.

Les sociétés dirigées par des femmes sont à hauteur de 36,65% dans les services, de 27,02% dans la production industrielle, de 16,12% dans l’importation, de 9,82% dans le commerce de gros et de 7,7% dans le commerce de détail. A noter que 22,2% de femmes, âgées entre 25 et 34 ans, sont analphabètes ! L’écart entre les femmes et les hommes reste assez élevé.

Il va sans dire que des causes ont été acquises, néanmoins, il reste du chemin car il est impératif de bousculer les mœurs pour donner à la femme algérienne ses droits, droit à l’émancipation incontestable afin de sceller le pacte social et cimenter les défis engagés et fructueux. Mais pour ça, il est nécessaire de secouer la marmite et faire évoluer les esprits pour un avenir meilleur et une liberté majeure.

Hacène Merbouti

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