Bien qu’il ait lui-même mené en 1963-64 une guerre de la Kabylie contre l’Algérie officielle, l’idéologie algérianiste, saturée de jacobinisme, a fini par le rattraper au point où il en arrive à accepter la mort de la Kabylie plutôt qu’une évolution heureuse de l’Algérie à laquelle œuvre le MAK avec le projet autonomiste. Cependant, aller jusqu’à comparer les démocrates autonomistes aux terroristes islamistes relève au mieux de la cécité politique”.
Dans une déclaration rendue publique hier, le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie, (MAK), fustige le leader du FFS, Hocine Aït Ahmed et le président du RCD Saïd Sadi. Deux dirigeants que le MAK invite à “faire, chacun, un examen de conscience”.
La sortie médiatique de Hocine Aït Ahmed et de Saïd Sadi, dénonçant la création par Ferhat M’heni, d’un Gouvernement provisoire kabyle, n’a pas laissé indifférent le MAK qui a réagi, hier, à travers une déclaration pour la moins virulente à l’encontre des deux leaders. Pour le MAK, la position de ces deux derniers vis-à-vis de l’initiative de Ferhat M’heni “est, somme toute, attendue”. Cela pour des raisons, explique le MAK, “idéologiques pour l’un et politiciennes pour l’autre”. L’un est l’autre, Aït Ahmed et Sadi n’ont pas été épargnés par le mouvement de Ferhat M’heni. Le MAK considère que le n° 1 du FFS “tout respectable qu’il est, reste accroché à des notions et des idéologies qui, d’une part ne sont plus de notre temps et, d’autre part, ont fait les preuves de leur inefficacité. Bien qu’il ait lui-même mené en 1963-64 une guerre de la Kabylie contre l’Algérie officielle, l’idéologie algérianiste, saturée de jacobinisme, a fini par le rattraper au point où il en arrive à accepter la mort de la Kabylie plutôt qu’une évolution heureuse de l’Algérie à laquelle œuvre le MAK avec le projet autonomiste. Cependant, aller jusqu’à comparer les démocrates autonomistes aux terroristes islamistes relève au mieux de la cécité politique”.
Le MAK n’est pas allé par le dos de la cuillère pour répondre à Sadi qu’il a dû descendre d’ailleurs en flammes. “Saïd Sadi se retrouve empêtré dans une situation des plus ambiguës où il se fait prendre à ses propres pièges. Sa position est tout simplement incompréhensible. D’une part, il réclame la même chose que le MAK en prônant une « régionalisation modulable » qui est la copie conforme du Projet d’Autonomie de la Kabylie, et d’autre part, il déclare de façon péremptoire que le GPK est une initiative sans issue !», refusant de se rendre à l’évidence des “échecs toujours recommencés de sa politique”. Pour le MAK, le leader du RCD ne sait plus sur quel pied danser, en somme. “Assis entre deux chaises, celle de la compromission réelle avec le pouvoir militaire et fourbe, incarné par Bouteflika, et celle d’une contestation de façade, il va d’un extrême à un autre et tient un discours ambigu et, comble d’un psychiatre, délivre des messages ambivalents, paradoxaux. Ainsi, à travers son dernier livre sur Amirouche, le plus célèbre colonel kabyle de la guerre d’indépendance, et tout en donnant toutes les preuves de la matrice idéologique algérienne qui se résume à l’antikabylisme primaire, il n’en tire aucune leçon. Nous lui rappelons, à toute fin utile, que la seule « matrice nationale » encore vivante, demeure toujours cet antikabylisme qu’il dénonce dans ses interventions. Il vient d’en apporter lui-même une nouvelle preuve !”. Le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie dit qu’“il n’est pas compréhensible de la part de Sadi de fustiger le projet du MAK tout en le plagiant”.
Notons que le premier responsable du MAK, Ferhat M’heni a proclamé à partir de Paris, le 1er juin dernier, un Gouvernement provisoire kabyle.
M. O. B.