Deux journées d’étude sur l’évolution de la langue et la littérature amazighes

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C’est la Maison de la culture Kateb-Yacine de Sidi Bel-Abbès, qui abrite les deux journées d’étude portant sur le thème : “La langue et la littérature amazighes ; place et évolution récente en Algérie», qu’organise le Haut commissariat à l’amazighité. En effet, une pléiade de spécialistes sont conviés à débattre de ce thème récurrent à la langue et surtout à la littérature amazighe, et ce depuis l’indépendance du pays.

De Sidi Bel-Abbès : Mohamed Mouloudj

Pour la journée d’hier, les travaux ont démarré avec le coup d’envoi de M. Youcef Merahi, SG du HCA et du SG de la wilaya de Sidi Bel-Abbès. Dans son allocution d’ouverture, M. Merahi a axé son intervention sur la nécessité “d’apporter le fait amazigh aux Algériens», et d’ajouter qu’il faut “expliquer à l’Algérien cette dimension de l’identité nationale qu’est tamazight, pour que l’Algérie soit bâtie sur toutes les trois composantes de son identité à savoir l’amazighité l’arabité et l’islam”.

De son côté M. Boudjema Aziri, sous-directeur au HCA, a indiqué que le thème portera sur les réalisations dans la langue et la littérature amazighes, depuis l’indépendance du pays. Selon lui, il faut distinguer deux périodes, la première se situe depuis l’avènement des premiers écrits littéraires amazighs durant la période coloniale. Et la deuxième, depuis avril 1980 à ce jour. Sur un autre registre, il a souligné que “l’Algérie fera un grand pas en généralisant l’enseignement de tamazight à l’école», afin, a-t-il ajouté “de redonner à cette langue et culture la place qui est la sienne”.

Les communications présentées, hier, ont tourné sur l’aspect littéraire de la langue. Ouidir Belhimer, étudiant en magistère en anthropologie à l’université de Tizi-Ouzou, a évoqué “la chanson kabyle engagée ; un espace d’expression et de contestation”. La communication a tourné autour de l’évolution thématique et musicale dans la chanson kabyle, notamment depuis les années 1970. Selon M. Belhimer, “la chanson kabyle a connu un renouvellement très important depuis le début des années 1970”. Ce renouvellement a touché plusieurs aspects, qu’il énumère en “un aspect lié à la thématique, qui se situe en rupture avec la chanson classique portée par la génération antérieure”. Ensuite, la nouvelle chanson kabyle a apporté de nouveaux modes musicaux et constituait “un espace de contestation et d’expression dans un monde verrouillé et contrôlé par le régime”.

Dès lors, a-t-il souligné “le chant s’engage à porter la revendication identitaire et le message politique contestataire”. Sur un autre registre, M. Belhimer a indiqué qu’il est intéressant de savoir “comment cette chanson a joué un rôle déterminant dans l’évolution de ce mouvement, ainsi que les caractéristiques de cette même chanson ?”.

Pour illustrer ses propos, M. Belhimer a, dans une langue raffinée, traité des thèmes de chanson de Ferhat Imazighen Imula, de Idir…

Par ailleurs, M. Belhimer a indiqué que les espaces qui ont connu l’évolution de la chanson engagée kabyle se situaient à l’université d’Alger, ensuite celle de Tizi-Ouzou et surtout l’immigration.

D’autre part, M. Belhimer a souligné que la chanson engagée a poussé la société dans un processus de résistance contre le régime, en procédant à la critique sans limites de tous ses fondements. A titre d’exemple, il a cité la célèbre chanson de Ferhat Tizi Bwassa, où l’artiste “remet en question la légitimité historique du système politique mis en place depuis l’indépendance”.

De son côté M. Maghraoui Lokmane, maître-assistant à l’université de Mostaganem, a traité le thème de la justesse de l’amazighité et les obstacles politiques freinant son évolution.

Dans sa communication, M. Lokmane a souligné que “tamazight est otage de considérations politiciennes quelles soient du régime en place où de l’opposition”. Pour M. Lokmane, “l’émergence du fait amazigh depuis 1980 est depuis resté confiner dans un jeux politique, qui freine son épanouissement”. Par ailleurs, il a posé la question de l’apport des événements de 1980 à la langue et culture amazighes.

Hassina Khardouci a, pour sa part, traité de l’état de la littérature berbère orale. Maître de conférences à l’université de Tizi-Ouzou, Mme Khardouci a retracé l’état de la littérature amazighe orale. A propos de la poésie amazighe, Mme Khardouci a estimé qu’elle cultive l’authenticité d’un peuple dont la temporalité dynamique et la civilisation sont des preuves permanentes d’une identité héritée des aïeux. “Elle a évoqué surtout, les évocations et les différentes étapes vécues par la poésie kabyle», dont elle tire un intérêt historique qui s’y trouve, même si, a-t-elle expliqué “les données exactes ne viennent pas toujours de cette parole orale”.

La discontinuité dans le cheminement de la poésie kabyle a fait qu’elle évolue au gré des périodes vécues par les Kabyles, et auxquelles “ils n’étaient ni passifs ni indifférents”.

Salim Ayad, doctorant DLCA de l’université de Béjaïa, a, quant à lui, traité “les remarques sur l’émergence d’un champ littéraire : le cas de la littérature écrite d’expression kabyle”.

M. Ayad a souligné dans son allocution que “la création littéraire kabyle est une réalité à la fois sociale et culturelle”. Pour étaler ses dires, M. Ayad a ajouté que “cette réalité constitue un fait littéraire qui peut être appréhendé dans le nombre croissant des œuvres produites et publiées jusqu’ici”. Selon lui, la nouvelle création littéraire kabyle a introduit des changements majeurs, aussi bien dans la sphère de la production que dans celle de la réception des œuvres littéraires.

Mohand Akli Haddadou a traité de la problématique du système d’écriture pour le berbère. M. Haddadou a passé en revue les différentes propositions d’écritures du berbère. Il a ensuite évoqué les avantages et les inconvénients, tout en citant l’exemple de certaines langues émergentes, les problèmes rencontrés et les solutions apportées.

L’après-midi d’hier a vu aussi une étude sur le renouveau lexical dans la poésie kabyle, de Mohamed L’hacène Mahrouche qui a traité du cas de Tafunast Igujilen de Amar Mezdad.

M.M

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