Djamaâ El Fna : tourisme, culture et henné

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“Si vous ne vous rendez pas à Marrakech, vous ne pouvez pas dire que avez visité le Maroc. » Cette phrase que nous a lancée une Marocaine, épouse de David Alvarado Roales, journaliste espagnol, est restée suspendue à notre oreille jusqu’au moment où nous sommes rentrés à l’agence Air Algérie de Casablanca afin de programmer notre retour pour le vendredi 19 août. Nous sommes mardi et le déplacement de Casa à Marrakech nécessite quatre heures de train et 150 dirhams, pour un aller-retour (l’équivalent de 1500 dinars). Ce qui nous a quelque peu dissuadé de nous y rendre, c’est le climat vraisemblablement torride qu’il fait là-bas. On risquait, en effet, d’atterrir dans une ville de 45 degrés à l’ombre. En plus, tout le monde à Casa nous a dit que ce n’est même pas la peine de chercher une chambre dans cette ville en cette période de l’année où Marrakech grouille de touristes. Ceci n’a fait qu’exacerber notre curiosité. La décision est prise. Le lendemain mercredi, nous allons nous rendre à Marrakech.

Chaleur, autos et motosLe train démarre de la gare Casa voyageurs à 13 h. Dans le compartiment dans lequel nous étions, les voyageurs sympathisent vite. Un père accompagné par son petit fils va seulement faire escale à Marrakech. En arrivant, il devront prendre un bus vers Agadir, un autre bastion de l’Amazighité et région natale du grand écrivain marocain, insoumis celui-là, Mohamed Kheireddine. Les deux autres jeunes discutent du climat qu’il fait à Marrakech. Une chose est sûre : la température dépasse 40 degrés. Nous arrivons à 17 h. Comme prévu, peut-être plus que prévu, la chaleur, dans cette ville, étouffe. La gare est située à une vingtaine de minutes de marche de la ville. Mais quelle ville ? nous demande notre informateur. Etant en complète ignorance de la configuration géographique de la région, nous n’avons pas su quoi répondre. Notre interlocuteur nous explique alors que si nous voulions nous rendre à Djamaâ El Fna, voilà ce qu’il faut faire. Mais si nous cherchions la ville où il y a des commerces, il faut juste continuer à marcher tout droit. Il vaut mieux prendre un taxi car c’est un peu loin, nous conseille-t-il. Mais pour découvrir une ville, il n’ y a pas mieux que de circuler à pied. Ainsi, on a le temps de voir et d’apprécier les choses et les hommes. On ne prend le taxi que quand il s’agit d’une extrême urgence. Le premier édifice public qu’on entrevoit à Marrakech, au tout-début de la ville, sur la droite, c’est le Théâtre royal bâti avec une architecture traditionnelle. L’établissement artistique est surveillé par des policiers. Un phénomène typique à Marrakech nous a frappé dès notre arrivée. Il y a plus de motos et de vélos circulant, que de voitures. Des dizaines de femmes, conduisant des motos, traversent la ville à vive allure. Même des femmes en hidjab n’échappent pas à ce phénomène. Nous poursuivons notre chemin sous une chaleur de plomb. Nous commençons même à regretter d’être venu ici, quand nous nous rappelons le climat paradisiaque de Casa. Dans la place la plus célèbre du Maroc Mais il ne sert à rien d’avoir des remords puisque nous sommes déjà là. C’est trop tard. Les regrets se dissiperont une fois parvenu à la place la plus visitée du Maroc Djamaâ El Fna. En arrivant à un grand rond-point avec jet d’eau, nous tournons à droite et poursuivons la marche pendant des dizaines de minutes. Nous allions traverser la route anarchiquement quand nous entendons une voix répercutée par par un mégaphone disant: « Veuillez s’il vous plaît utiliser les passages piétons. » Nous nous rattrapons in extremis et nous nous soumettons à la réglementation et au civisme avec trente-et-un ans de retard. Au moment de notre passage, une grande campagne de sensibilisation est en cours dans la ville. Des dizaines de personnes sont mobilisées, avec des mégaphones, pour inciter automobilistes et piétons à respecter le code. Après environ quarante minutes de marche et des litres de sueurs, on voit enfin Djamaâ El Fna. Ici, il y a plus d’Européens que de Marocains. C’est plein de touristes. Complètement essoufflé, nous nous effondrons sur la chaise d’une cafétéria et prenons une limonade locale, fabriquée à Marrakech : « Hawai ». Ce produit est une sorte de Hamoud marocain puisqu’il est vendu dans les quatre coins du pays.

Ambiance et tradition spécial-tourisme Après la reprise de nos forces, nous arrivons enfin à la place Djamâa El Fna. Celle-ci est noire de touristes. La place Djamâa El Fna est le point culminant du pèlerinage touristique à Marrakech. Des dizaines de vendeurs de harrira, de brochettes de kefta proposent leurs menus aux touristes assis autour de tables en bois. Les vendeurs de jus naturels se comptent par centaines aussi. Des acrobates, par dizaines, entourés de grappes de touristes, font leurs démonstrations. D’autres musiciens traditionnels n’arrêtent pas d’attirer et d’épater les visiteurs. Ces derniers sont presque tous munis de caméra et d’appareils photos. Tandis que des dizaines de femmes « dessinatrices au henné » invitent les européennes à venir se  » farder  » les mains. Mais au-delà des scènes, c’est l’ambiance qui règne ici qui est la plus attrayante. Il s’agit de l’endroit le plus célèbre et le plus visité du Maroc. Marrakech est d’ailleurs la capitale touristique du Maroc. Il s’agit d’une cité médiévale entourée des cimes du Haut Atlas. Les remparts de Marrakech s’étendent sur 19 kilomètres autour de la Médina. Les murailles, hautes de 10 mètres, comportent 202 tours rectangulaires. En une journée, il est impossible de visiter toute la cité. L’essentiel pour nous a été de nous imprégner de l’ambiance à Marrakech. Nous avons payé très cher cette randonnée. Les chambres d’hôtel étant introuvables, nous étions contraints de rentrer à Rabat la nuit. Nous avons pris le train de minuit. Cela a été une occasion de faire connaissance avec une famille marocaine habitant à Tanger. Nous descendons à Casablanca à quatre heures du matin. C’est la fin de l’aventure. Demain nous serons à Tizi Ouzou.

A. M.

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