A mesure que l’été avance, les villages sortent de la léthargie qui les caractérise, onze mois durant. Avec l’arrivée des estivants, les rues redeviennent bruyantes, égayées par les enfants de ces nouveaux venus. Une animation qui contraste étrangement, avec le calme angoissant, de la mauvaise saison. Elles reprennent le mouvement des grands jours de fêtes qui ont démarré depuis peu mais se suivent à un rythme effréné. Si certains choisissent la plage pour se détendre, la plupart de nos émigrés et autres exilés, ne changeront l’ambiance estivale de leur village natal, pour rien au monde.
Les maisons, vides de leurs occupants, à longueur d’année, revivent brusquement. On s’aperçoit du retour de telle ou de telle autre famille, au bruit émanant de ces habitations qu’on ne consent à ouvrir que pendant les vacances. Ainsi le nombre d’habitants du bourg, passe du simple au double, voire au triple dans certains cas.
En été ce sont des centaines de personnes, de tous âges, qui reviennent au bercail, passer l’été en famille. Une façon de se ressourcer et aussi comme disent nos citadins : « Faire connaître le bled à la progéniture ». D’autres, nostalgie oblige, ne peuvent marier leurs enfants que sur la terre des aïeux. Aux résidants permanents et à ceux qui habitent dans les villes, viennent s’ajouter, à partir du mois de juillet toute une armada d’émigrés qui saisissent l’occasion de faire vivre à leurs enfants ce mouvement si particulier de « Thamourth ». Ils y sont déjà oubliant leurs habitudes de l’étranger. Ils se mettent bizarrement à épouser les us et coutumes de chez nous, l’espace de quelques mois.
On les surprend à siffloter ou à chanter un air qu’ils avaient entendu la veille, à « ourar » du village. Leur langage, parfois, « zézayant », trahit leur origine. Le français canadien se mêle à l’arabe de l’Ouest ou l’anglais américain mais pour se comprendre, une seule langue les unis, celle des parents : le kabyle.
A.O.T.