La mobilisation citoyenne a encore payé pour faire tomber des dessins néfastes des groupes armés. Fréha a, en effet, récupéré son enfant enlevé il y a de ça une dizaine de jours sain et sauf et sans payer la moindre rançon comme cela était exigé par les auteurs de cet énième acte de kidnapping dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Le 60e, selon des statistiques non officielles. Lounès Ibirar, ce jeune entrepreneur âgé de 34 ans, a retrouvé les siens hier après 9 jours de captivité. Cette libération n’a nullement été le fruit du hasard, mais elle est intervenue suite à une mobilisation sans faille de toute la région d’Ath Djennad. Une région, qui a descendu dans la rue, comme un seul homme pour crier sa colère et réclamer à ce que l’otage soit libéré sans condition.
La marche d’avant-hier qui a drainé du reste une foule des grands jours, était la seconde action de rue initiée pour la même cause après le sit-in observé mardi dernier devant le siège de l’APC. Les manifestations n’ont pas été ainsi vaines. Les ravisseurs ont fini par céder à la pression qui allait grandissante, du reste. La mobilisation a eu le dernier mot sur ce groupe armé qui ne pouvait que faire marche arrière et laissé tomber ses exigences.
La région a démontré qu’en mettant la main dans la main, on est capables de faire trembler des montagnes, comme le disait feu Lounes Matoub, dans une de ses chansons. Lounes Matoub était lui-même victime d’un kidnapping. C’était en 1994. C’est dire, en somme que ce phénomène ne date pas d’hier. Sauf que l’enlèvement du chantre de la chanson kabyle était pour des raisons politiques, contrairement à ce qui se passe actuellement ou les ravisseurs exigent généralement des rançons.
D’ailleurs, force est de constater qu’on ne sait plus qui fait quoi. L’enlèvement de Matoub a été revendiqué par le GIA à l’époque. Aujourd’hui, on ne revendique plus, on ne fait que demander de l’argent contre la libération de l’otage. Le banditisme s’est mêlé au terrorisme dans la wilaya de Tizi Ouzou à tel point qu’il est devenu difficile de déterminer l’identité des ravisseurs. Il n’est pas, en effet, si certain que ça, que ce sont des terroristes qui sont les auteurs de tous ces kidnappings dans la wilaya.
Quoi qu’il en soit, la Kabylie qui sait faire tomber toute couleur politique dans de telles circonstances, pour s’unir, comprenant que l’union fait la force, réussit à faire barrage à ce phénomène de quelle nature qu’il soit. La démonstration de force a été donnée par les villageois d’Ath Djennad, cette fois. Il y a à peine quelques mois ce sont les populations de Boghni et d’Iflissen qui ont donné une véritable leçon à ces groupes de bandits ou de terroristes.
M. O. B.