Parmi les nouveautés qui s’incrustent dans notre quotidien d’Algérien, le service Western Union ne cesse depuis des années à collectionner des adeptes au point de devenir la bouée de sauvetage
de nombreuses personnes dont l’activité nécessite vitesse et disponibilité.
A l’instar de quelques antennes, la poste d’Azrou exhibe fièrement l’enseigne de la poste elle-même surmontée par l’enseigne de Western Union comme un duo qui coexiste avec un esprit fraternel et harmonieux pour le grand bonheur des clients.
Le regard clair caché sous de fines lunettes, le responsable du bureau de poste annonce que le service est assuré depuis 2006. « Il ne se passe pas un jour sans qu’une poignée de clients sont convoqués pour recevoir leur dû. Ce matin (il était dix heures) trois personnes sont déjà passées ».
Natif sous d’autres cieux, aux Etats-Unis plus exactement, Western Union, spécialisé dans le transfert d’argent (cash to cash) est un arriviste timide qui a eu du mal à démarrer à ses débuts. « Il était comme un bébé au pas mal assuré. Au début, lorsque l’enseigne a été accrochée et des affiches collées un peu partout, les gens se renseignaient sans cesse, il y a ceux qui nous demandaient la durée de transfert d’argent et surtout la fiabilité du service ; comprenez les contraintes bureaucratiques qu’ils redoutent énormément avec leurs lots de colère et de stress. Sans oublier les réticences relatives à la corruption et l’escroquerie. Puis, de l’hésitation, ils étaient passés à l’action ».
Passé le round d’observation avec l’arrivée des premiers échos tout à fait rassurants, Western Union déroule ses charmes et convainc de plus en plus. « Étant plus rapide que le mandat ordinaire, ce service urgent fait le plaisir de nos concitoyens vivant en Algérie comme les leurs habitant à l’étranger, dit le même préposé. Bien sûr, nos clients nous parlent ; de nos jours, il y a des gens qui tombent malades dont les soins nécessitent beaucoup d’argent, des filles à marier, des maisons à bâtir, ce sont ces trois cas qui sont les plus répandus parmi les cas que nous traitons. Ils viennent de Chemini, Souk Oufella, Tibane, Akfadou et jusqu’à El-Flaye. Vous savez dans notre zone rurale, en l’absence de toute banque, ce service est d’un secours judicieux qui prend uniquement quelques heures. Et l’argent arrive de France, d’Allemagne, d’Angleterre, d’Espagne, du Canada jusqu’aux Etats-Unis même. »
A l’ère de l’électronique, du portable et toutes les technologies modernes, bref à l’ère de la vitesse, ce service est pour le moins porteur de dynamisme économique et de rapprochement entre nos concitoyens d’ici et de là-bas. Na Fetta, 70 ans, est venu de Zountar. Appuyée solidement sur sa canne, elle confie : « Ils ont fait quelque chose de bien, les facteurs. Tu sais, durant l’Aïd passé il a suffi que mon fils m’appelle de Hollande, et le lendemain j’étais devant le bureau pour récupérer l’argent. Et c’est grâce à cet argent que j’ai acheté le mouton ! C’est intéressant, c’est rapide et pas un centime ne manque. Mais, j’aurais bien aimé recevoir mon dû en euro de sorte à l’échanger au marché parallèle… Mais, on ne peut pas tout avoir dans la vie. Quand on est à l’étroit et dans le besoin, toucher son argent en vingt-quatre heures, c’est déjà ça de gagné ! »
Après quatre ans de mise en service, il y a eu un effet contagion qui semble s’emparer de nos consciences jusqu’à devenir un réflexe presque ordinaire. « On me l’a conseillé au village il y a quelques temps et j’ai pris acte, ajoute Na Fetta. Depuis, j’ai parlé à mon fils et à ce rythme, je suis comblé. » Finalement, il faut bien souligner que ce service n’est pas réversible. Malheureusement ! « On ne peut pas envoyer l’argent d’ici !“ déplore le préposé d’un ton amer ». Car, malgré la pauvreté de la monnaie nationale, il est des cas où le besoin de transférer en dinars peut s’avérer salutaire pour bien des familles notamment celles vivant dans les pays où le taux de change n’est pas contraignant ou excessif. « Cependant, Western Union est une formule qui a fait ses preuves et résolue bien des anicroches à nos concitoyens », ajoute-t-on in fine pour conclure cet inventaire d’un genre tout particulier.
Tarik Djerroud