Ighil Tekdivine, dans le grand arch de Berkouka, relevant de la commune de Maâtkas, comptabilise près de 1 200 habitants. Pour se rendre dans ce village de Maâtkas basse, il faut se rendre à la commune voisine (Souk El Tenine) car aucune route ne relie directement ce village à partir du chef-lieu communal de Maâtkas. Une première carence avec laquelle les citoyens de Tekdivine sont contraints de composer. L’histoire de celui qui voulait montrer son oreille est de mise. De Souk El Tenine vers Ali Moussa pour rejoindre Berkouka, il faut toujours descendre.
La route est sinueuse, étroite mais en bon état.
A partir de Afir, un village de Berkouka, la situation se complique et devient incompréhensible le WK 128 qui relie Afir et Tighilt Tekdivine sur une distance de 4 km est dans un état déplorable. L’absence de caniveaux et de travaux d’entretien ont fini inévitablement par arracher les agrégats et le bitume, ce qui a crée des nids de poule, des crevasses et des fissures béantes longitudinales et transversales qui rendent la conduite périlleuse pour les usagers et leurs véhicules. Une route que seuls les villageois empruntent car ils n’ont guère le choix. Notre accompagnateur (membre du comité de village) fulminera : “Nous avons interpellé les pouvoirs publics à maintes reprises, hélas, nous ne voyons rien venir. mais il y a encore pire, vous allez voir”. Plus on avance, plus on découvre que le dénuement est criard, par endroit, la route est carrément impraticable. Notre véhicule prend des coups de partout. Secousses et sauts deviennent fréquents. Plus bas, notre interlocuteur nous montre un hameau de plusieurs habitations et nous apprend : “La bourgade que vous voyez là bas, c’est Tighilt N’chikh. Pour rejoindre le CW128, ils sont obligés, de prendre ce sentier incliné et sinueux sur près d’un kilomètre. Cela fait des années qu’on demande aux responsables de leur ouvrir une route, Hélas, ça ne vient pas. Essayez donc maintenant d’acheminer une bonbonne de gaz sur votre dos et essayez de descendre la pente.” Une tâche ardue et pénible effectivement.
L’assainissement et l’eau potable : plusieurs points noirs
Depuis Afrir, jusqu’à Tighilt Tekdivine, nous avons été frappés de stupeur. Ici, l’assainissement, n’existe pas. Les eaux usées sont déversées à ciel ouvert et se mélangent des fois avec la conduite d’AEP. Une situation qui risque de plonger tout l’arche de Berkouka dans le chaos et l’amertume surtout en période de grande chaleur. Lors de nos investigations, nous avons appris que Berkouka dont Tighilt Tekdibine, n’est presque pas assainie. Le taux d’assainissement dans cet arche de 14 000 âmes peine à atteindre les 10%.
La multiplication des fosses septiques, les odeurs nauséabondes et l’apparition des nuées d’insectes de différentes espèces enlaidissent le paysage pourtant ramanesque et cela sans oublier tous les risques et les maladies à transmission hydrique (MTH) qui peuvent à tout moment se déclarer. L’eau potable n’est pas toujours disponible, la nouvelle conduite en PHD n’est pas encore fonctionnelle nous apprendra notre interlocuteur : “La gestion de l’ADE est catastrophique, plusieurs vannes ne fonctionnent pas, le calcaire a fini par avoir raison de l’ancienne conduite.L’eau nous la voyons venir qu’une fois par semaine et avec beaucoup de chance. Car même en hiver, il nous arrive d’acheter des citernes d’eau à 1 200 DA. Quant aux points noirs on a fini par nous en habituer”.
Electrification et gaz naturel
11 foyers ne sont toujours pas dotés d’électricté
Si les citoyens de ce village ne parlent pas encore de gaz naturel, de téléphone fixe, de Maison de jeunes et d’aires de jeu car ne possédant pas encore le minimum vital, à savoir une route praticable, de l’eau potable et de l’assainissement, il sera inutile et ridicule de voir plus haut. Par contre, en ce qui concerne l’électricité ils en parlent avec insistance. Ce village électrifié depuis le début des années 90 seulement, compte encore 11 habitations non électrifiées. Pour ce faire, les citoyens ont recours à des branchements illicites. Un comportement qui peut s’avérer à risque et qui mettra la vie de ces habitants en danger d’où l’urgence de prévoir l’extension du réseau électrique.
Education et transport
Une école primaire sans cantine
A Tighilt Tekdivine, il existe une école primaire qui compte 107 potaches. Ces enfants sont contraints de rentrer chez eux pour déjeuner. Une cantine scolaire leur fera beaucoup de bien et permettra aussi à leur parents d’économiser les frais de déjeuner, surtout par ces temps de cherté et de vaches maigres.
Quant aux collégiens et aux lycéens qui sont sommés de se rendre respectivement à Afir et au chef-lieu communal pour suivre leur scolarité et bien le ramassage scolaire est insuffisant. Certains, notamment les plus démunis sont obligés de se rendre à pied au collège et au lycée. Faire plusieurs kilomètres à pied pour un adolescent surtout en période hivernale réduira à coup sûr les chances de réussite de l’apprenant.
Les carences existantes au niveau de Berkouka et de Tighilt Tekdivine sont trop nombreuses pour les énumérer. le marasme et le dénuement régnent en maître dans ces localités de la Kabylie profonde. Un véritable plan Marshal est nécessaire pour rendre le sourire à ces algériens qui ont beaucoup donné à la patrie.
Le P/APC : “Ce que nous avons réalisé depuis notre arrivée, dépasse de loin ce qui a été fait pendant les 3 mandats précédents”
Apostrophé à propos des problèmes que vivent les citoyens de Tighilt Tekdivine, M. Zallouk, le P/APC, loin de nier le dénuement et l’extrême pauvreté de sa commune, notera toutefois : “Notre commune en général accuse un grand retard en matière de développement ; chaque village a besoin de plusieurs milliards pour sa viabilisation. Tighilt Tekdivine en a également besoin, d’ailleurs, nous leur avons inscrit plusieurs projets à savoir la réhabilitation du chemin Afir – Tildivine pour plus de 400 millions, l’ouverture d’une piste à Tighilt Nchekh, nous leur avons refait par ailleurs l’éclairage public et réalisé un Abribus. La conduite d’AEP est en voie de finalisation, quant à l’assainissement, il nous faut un projet sectoriel car la couverture est trop insuffisance, c’est le cas d’ailleurs de Berkouka», et d’ajouter : “Il faut que nos concitoyens comprennent que les problèmes seront réglés progressivement. De toutes les manières, ce que nous avons réalisé depuis notre arrivée, dépasse de loin, ce qui a été fait pendant les trois mandats précédents.”
Hocine Taïb
