La Cité des roses de Mouloud Feraoune / Les méandres de l’amour

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Le roman posthume de Feraoune est une fiction très captivante. Son auteur nous invite à un voyage dans les méandres de la personne humaine. Un livre bien ficelé qui raconte une histoire fabuleuse qui se déroule à Alger.

Mouloud Feraoun est l’un des plus grands écrivains algériens. Né en 1913, et lâchement assassiné par l’O.A.S, sur les auteurs d’Alger, en 1962, alors même qu’il occupait la fonction d’inspecteur des Centres Sociaux. Fils de la Kabylie, Feraoun connaît une enfance misérable. Élève boursier, il devient instituteur, puis directeur d’école. Dans ses récits, Feraoun dépeint la grandeur et les souffrances du peuple algérien. Ses récits témoignent d’un souci de réalisme proche de la précision journalistique. Il en est ainsi de son autobiographie ; le Fils du pauvre (1950), qui insiste notamment sur les difficultés d’accès à l’instruction dans l’Algérie des années trente, mais aussi de ses romans, tels que la Terre et le Sang (1953), les Chemins qui montent (1957) et l’Anniversaire (1959). Feraoun est également l’auteur d’un recueil de réflexions et d’anecdotes intitulé Jours de Kabylie (1954) et d’un Journal (1955-1962), consacré notamment à la guerre et publié après sa mort. Le roman posthume de Feraoune, intitulé La cité des roses est un chef d’œuvre, qui vient enrichir une écriture inachevée. Publié aux éditions Yacom, cette fiction bien élaborée nous captive et nous envoûte. D’un style simple et accessible, l’auteur nous raconte une histoire d’amour. Un amour si aveugle et si complexe. En 1958, à la cité des Roses, un Algérien, directeur d’une école tombe amoureux de Françoise, une institutrice française. Cette fameuse cité est un lieu où les gens ne vivent pas au milieu des fleurs et des roses, mais dans ce qui ressemble aux bidonvilles algérois d’aujourd’hui. Toutefois, les roses s’invitent dans ces espaces et procurent ce qu’il y a de plus beau à certaines personnes. Les amoureux, de ce livre romanesque, sont tous deux mariés, ce qui complique d’avantage les choses. L’amour taciturne qui les unit, trouvera ses propres subterfuges pour ne point périr. Mouloud Feraoun raconte son pays autrement. Si dans ses précédents romans, les histoires se déroulent en Kabylie, ici, c’est la capitale qui abrite les évènements. Un jeune Kabyle quitte sa terre natale, pour fuir la guerre et le sang. Loin de son village il rencontre une très belle femme. Symboliquement, Mouloud Feraoune met en exergue la passion chaleureuse, qui a toujours existée, entre la France et l’Algérie. Malgré les incommensurables violences qu’il y a eu des deux parties, l’amour avait bel et bien sa place. Ce nouveau roman, illustre parfaitement l’humanisme de l’auteur du Fils du pauvre. Les sentiments les plus sublimes des humains ne peuvent pas s’effriter devant les bêtises des uns et des autres. Ce texte nous rappelle les œuvres phares de la littérature universelle, telles que Nedjma de Kateb Yacine.

Ali Remzi

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