Une forêt fortement minée

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Dans le fond de sa densité et sous la beauté verdoyante, la forêt de Mizrana cache un mal et un danger qui resurgira certainement à l’avenir. Il s’agit des mines antipersonnels posées par les groupes terroristes armés depuis le début du terrorisme en Algérie. Quel est leur nombre ? Il est difficile de se prononcer. Pour les services de sécurité qui connaissent ce terrain, “dans chaque mètre carré de cette forêt, il peut y avoir une bombe. Ce ne sont pas des bombes conventionnelles qu’utilisent les armées, mais il s’agit d’engins explosifs de fabrication artisanale fabriqués dans les laboratoires du GIA puis du GSPC”. Toutes les tentatives de pénétration au cœur de cette forêt, dont la surface est estimée à près de 2 400 ha sont stoppées par l’explosion de ces engins de la mort. Plusieurs dizaines d’éléments de l’ANP, de policiers, de gardes communaux et de patriotes, ont péri ou ont été blessés par l’explosion de bombes. Lesdites bombes sont imprévisibles et peuvent prendre toutes dimensions. Sous forme de canon artisanal appelé communément “Hebheb” sous forme de bonbonnes de gaz, de bouteilles en verre, etc. Ces engins dissimulés, attachés à des détonateurs, explosent automatiquement au moindre mouvement.Il est fréquent d’entendre une explosion provenant de cette forêt, dont la victime pourrait être un animal sauvage qui marchait au-dessus d’une mine. Les populations, qui habitent les faubourgs de cette forêt, bien que la situation sécuritaire ait sensiblement évolué, ne s’aventurent guère au-delà, de certaines zones, de peur d’être fauchés par une explosion. Au début de l’année 2002, trois enfants du village Tizi N’Bouali, de la commune de Mizrana, qui ramassaient des glands dans cette forêt ont été surpris et même blessés après l’explosion d’une bombe. L’un d’entre eux, Samir, âgé de 16 ans à l’époque, blessé grièvement, n’a eu la vie sauve qu’après d’intensifs soins qui lui ont été prodigués au CHU de Tizi Ouzou. Samir et ses autres camarades témoignent que la bombe était une bouteille en verre dissimulée sous une roche reliée par des fils à un détonateur. Deux ans après, la population garde le souvenir de cette explosion. Les familles, malgré que cette forêt leur assure des ressources, ne laissent jamais leurs enfants s’aventurer au-delà de certaines limites. “Depuis, je n’ose plus m’aventurer dans cette forêt”, témoigne Samir.A défaut d’être un écosystème ou un lieu qui sera prisé par des touristes, les chasseurs et les amoureux de la nature, la forêt de Mizrana et d’autres forêts importantes du pays, restent des lieux à risque que le commun des mortels se contentera d’admirer et de contempler de loin, tant que les engins mortels des groupes terroristes y subsistent.

Mourad M.

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