Conférence de Rabah Zamoum, fils du colonel et auteur de Si Salah, mystère et vérités : “Si Salah dérange toujours”

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Louable est l’initiative prise par l’association Taneflit n’Tmazight de Draâ El-Mizan en rendant un hommage au colonel Zamoum Mohamed dit Si Salah (notre édition du 20 juillet). Le deuxième jour de cet hommage a été marqué comme prévu par le déplacement à Saharidj (M’chedellah).

En effet, deux bus de la commune ont pris le chemin de bon matin en direction de la stèle érigée à Saharidj à la mémoire du colonel Si Salah. Car c’était là-bas, qu’en compagnie de ses frères qui se rendaient en Tunisie pour informer le GPRA de leurs discussions à l’Elysée avec le président Charles De Gaulle, lors de la rencontre du 10 juin 1960, au sujet de l’autodétermination de l’Algérie, qu’il était tombé dans une embuscade, qui encore, jusqu’à aujourd’hui, reste un mystère. Même son fils, Rabah Zamoum, pense qu’il y aurait des fuites au sujet de ce déplacement comme, d’ailleurs, celui des colonels Amirouche et Si El Haouès. Arrivés au siège de l’APC de Saharidj, les personnes qui ont fait ce déplacement, en majorité des adolescents, et les responsables de Taneflit ont été chaleureusement accueillis par le vice-président de l’APC du lieudit, M. Moussa Khaber. Ensuite, tout le monde s’est dirigé à la stèle “Mohamed Zamoum”. Il y eut d’abord le dépôt d’une gerbe de fleurs, puis une minute de silence a été observée à la mémoire des martyrs. “Vous êtes chez vous à Saharidj. Mohamed Zamoum ou comme on l’appelle Si Salah est chez lui. C’est un valeureux responsable. Nous sommes très contents que vous soyez venus découvrir le lieu où il est tombé pour que l’Algérie devienne libre et indépendante. Je suis très content de voir que des jeunes s’intéressent à notre Histoire. Il faut savoir qui on est, d’où nous sommes venus et où nous allons. C’est très important de perpétuer le combat de nos aînés. Encore une fois, vous serez toujours les bienvenus chez vous à Saharidj», dira dans son allocution, l’élu de cette APC. D’autres personnes ont pris la parole pour évoquer le combat de Si Salah et sa grandeur. Ensuite, les hôtes de Saharidj ont visité le musée de Saharidj et l’antenne du Parc national du Djurdjura, secteur de Tala Rana. Cela a permis aussi aux jeunes de passer par Tizi N’Kouilal et même à l’intérieur du Parc national du Djurdjura, où ils ont admiré la beauté de la Kabylie avant de regagner Draâ El-Mizan par la route de Takhoukhth. La troisième journée a été consacrée à une conférence-débat donnée par Rabah Zamoum au sein de la salle de cinéma El Maghreb en présence du frère de Krim Belkacem, Aâmmi Arezki, de quelques moudjahidine et du fils du colonel Ali Mellah, en l’occurence El Hadj Amar Mellah. Le conférencier a minutieusement décortiqué le parcours du colonel Si Salah de sa naissance en 1928 à Aïn Taya jusqu’à sa mort le 21 juillet 1961 à Saharidj. Si Salah était le premier à avoir fait le premier pas vers l’autodétermination de l’Algérie le 10 juin 1960 avant que le GPRA n’envoie une délégation conduite par son président Ferhat Abbas, pour engager des discussions avec le président français De Gaulle. Avant que cette décision n’ait été prise, la Wilaya 4 avait averti le FLN à l’extérieur, sur la situation inextricable qui prévalait dans les maquis notamment durant les années 1958 et 1959 quand l’armée française avait recouru à d’autres méthodes pour essouffler au mieux l’action de l’intérieur. Si Salah était convaincu que l’indépendance de son pays dépendait de l’intérieur. Il faut dire qu’avant cette rencontre les forces coloniales ont tout utilisé : arrestations, massacres des populations civiles etc. Le conférencier est revenu longuement sur toutes les rencontres qui ont précédé le déplacement de la délégation de la Wilaya 4 en France. “Le FLN de l’extérieur a eu peur que l’ALN mène les négociations et prenne le pouvoir avant lui», a-t-il dit. Par la suite, l’Algérie eut son indépendance à laquelle ne survivront pas Si Salah et ses compagnons car la Wilaya 4 a connu par la suite un épisode dramatique et une terrible tragédie marquée par de nombreuses liquidations. Pour Rabah Zamoum, un black-out entoure toujours tout ce qui se rapporte à Si Salah car ce sont les mêmes personnes qui sont au pouvoir. “Si Salah dérange toujours», a-t-il confirmé. A la fin de la conférence, un débat a été ouvert. De nombreux éclaircissements sur d’autres sujets ayant un lien avec la Révolution ont été exprimés par l’orateur. Cet hommage a été clôturé par la remise de cadeaux aux trois lauréats ayant réalisé les meilleurs portraits de Si Salah à savoir Lounas Salem, Mamou et Sahraoui.

Amar Ouramdane

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