Souk Oufella : Monsieur l’Ecureuil et le pauvre fellah !

Partager

« Jadis, notre ennemi juré est le gros rat, rongeur impitoyable et carnassier à la gourmandise démesurée, bête noire de nos vergers. Actuellement, le renard semble prendre le relais avec une impunité totale « .

Ses mots jetés à la cantonade, le front buriné par une pesante colère, le fellah reprend son travail avec entrain tant et si bien qu’il est conscient qu’au coucher du soleil, le rongeur reprendrait du poil de la bête pour aller retrouver ses basses besognes.

Cette scène, anecdotique en soi, est devenu la source de malaise de beaucoup de fellahs, désemparés par le truchement de ce rongeur aux dents acérés, futé comme pas un, qui ne cesse de prendre goût et plaisir partout où la verdure étale ses charmes. Animal nocturne et bête diurne, l’écureuil est d’une efficacité destructive remarquable, un mange tout qui laisse le paysan broyer du noir en solitaire. « Je dois vous ajouter que le gros rat pourrait être éradiqué par de nombreux pesticides, ou les chats affamés, mais l’écureuil montre plus de résistance avec sa faculté de reniflement et évite tous les pièges qu’on lui tend », regrette amèrement, notre interlocuteur.

Agile, diablotin, vivace, l’écureuil est un maître en matière d’épargne de ses propres larcins. Prévoyant, il s’acharne consciemment sur les moissons pour préparer des jours mieux aisés lorsque l’hiver pointe le bout de son nez. Et dire que sa « science » ne s’arrête pas là !

Ces dernières années, les poulaillers sont devenus des « zones » de prédilection pour Monsieur l’Ecureuil prenant vite à partie les faibles volatiles, notamment les poussins, à la chair fragile et cependant succulente.  » Mince, ils tournent autour du poulailler en meute ! Et si d’aventure, ils trouvent la faille, une catastrophe géante et sanglante s’annonce « , s’indigne un propriétaire et éleveur de poules.

Actuellement, les campagnes d’abattage des chiens errants et autres bêtes sauvages semblent épargner l’écureuil. « Et les produits toxiques sont quasi inexistants sur le marché ! », ajoute-t-on sur le même ton marqué d’un dépit incommensurable. Arbres fruitiers, fleurs, herbes et viande, décidemment, rien ne résiste aux assauts du rongeur aux dons maléfiques.  » J’ose espérer que nous aurons bientôt plus d’informations et de moyens pour lui faire face, sinon l’éradiquer de nos contrées complètement « .

L’écureuil ! On l’avait connu sympathique sur les bandes dessinées et séries télé et cependant, il cache si bien son jeu dont les victimes sont dans la vie réelle ; ceux qui triment pour nous offrir des produits sains et savoureux.

« Un regard lucide envers notre malheur est condition sine qua non pour sauver un secteur mille fois déliquescent.

Et nous attendons, par ailleurs, l’intervention des autorités compétentes du secteur de l’agriculture pour nous aider à faire face à ce vilain rongeur. Et pour quoi pas un colloque ? « , souhaite le pauvre fellah.

T. D.

Partager