La Kabylie vit au rythme infernal des kidnappings et de faux barrages. De tels actes sont devenus monnaie courante dans la région. L’on ne sait, toutefois pas les circonstances exactes de ces méfaits. Comment leurs auteurs agissent-ils ? Qui seraient-ils ? Que font-ils à leurs victimes ? Telles doivent être certainement entre autres, les questions qui taraudent les esprits.
Un témoignage vivant permettra peut-être d’élucider l’énigme. Une victime raconte, en effet, son histoire. Djamel Meki a été intercepté dans un faux barrage, il y a à peine quelques jours. C’est un jeune homme anxieux et troublé qui nous a rendu visite, hier dans notre bureau. Djamel Meki donnait l’air de quelqu’un qui n’a pas fermé l’œil plusieurs jours durant. Les mains tremblantes, celui-ci, accompagné de deux amis, nous fera apprendre qu’il était victime d’un traquenard dimanche dernier. “J’était de retour d’Alger où j’ai retiré de l’argent dans une banque. Il était environ 18h lorsque je suis arrivé à Tizi Ouzou. J’ai fait un tour en ville avant de décider de rentrer chez moi. J’habite au village Beni Koufi, à Boghni. J’ai donc repris la route, la nuit tombante. Tout allait bien, avant d’arriver dans ce lieu situé à quelques encablures du village Kentija. C’est là que je suis tombé nez à nez avec un groupe qui m’a lynché. Ils étaient à quatre. L’un deux a pointé son arme, un fusil à pompe, vers moi, me sommant de m’arrêter. J’ai bien sûr obtempéré», dira Djamel. Pouvait-il faire autrement, en fait ? “L’endroit était certainement choisi par ces personnes. Il intervient après un virage. Impossible donc de se rendre compte sur quoi que ce soit. Arrivé à la hauteur de ces individus, il était impossible d’esquisser le moindre geste», nous confie la victime.
“Ils étaient à quatre, l’un d’eux était barbu”
Sans interruption, celle-ci poursuit son récit. “Après avoir réussi à m’immobiliser, l’un d’eux a ouvert la portière et il a aussitôt couvert le visage avec une veste ou je ne sais quoi. Ils m’ont traîné à terre ou ils m’ont ligoté avec du sert câble. Ensuite, l’un deux a déplacé ma voiture au bord de la route. Ils ont certainement fouillé le véhicule. Ils ont trouvé la somme d’argent que j’ai retiré de la banque, 110 millions de centimes, qu’ils ont emportée avec eux. Ils m’ont également enlevé mon téléphone portable et les clefs de la voiture. Avant de partir, ils ont fait crever deux pneus de mon véhicule», rapporta M.Meki, qui n’a pas cessé de nous montrer les traces du câble sur ses deux poignets. Brahim précise qu’il a été abandonné sur la route, mains pieds attachés. Il a dû souffrir, le pauvre, car il a dû,; dit-il faire, un bon bout de chemin en rompant avant d’être secouru par les villageois de Kentija, localité relevant de la commune de Tirmitine. La victime a tenu à rendre hommage à la population de ce village qui a accourue vers lui, aussitôt alertée. Comment sont-ils fait ? Que portaient-ils ? Qu’avait-ils dit ? Djamel Meki, âgé de 38 ans, chef d’entreprise de son état et père de trois enfants, n’a pas hésité à répondre à ces questions : “Comme je vous ai dit, ils étaient à quatre. Ils doivent avoir entre 30 et 40 ans. L’un d’eux avait une barbe assez longue, les autres non. De la à dire qu’il s’agit de terroristes, je ne sais pas. Les quatre étaient corpulents, et portaient des habits qui ne sont pas saisonniers. Ils sont restés une vingtaine de minutes, environ, avec moi. Ils ont agi à visage découvert. Ils m’ont demandé ce que je fais dans la vie, et d’où me viennent les 110 millions.
C’est pratiquement tout. Sinon, ils ne m’ont pas tabassé ou frappé”.
Djamel Meki qui est du même village que Ami Ali qui a été enlevé dernièrement, s’estime heureux que l’histoire s’est terminée ainsi. “Je sais que j’ai évité le pire et j’en remercie Dieu», conclura-t-il.
M. O. B.
