L’expression “trab salah ghir el leflha” (terre fertile et appropriée n’est destinée qu’aux céréales) a commencé à perdre de son poids au début des années 90, lorsque certains de ces cérèaliculteurs de Lakhdaria avaient fait revirement à 180 degrés, en se convertissant à la vigne.
Au bout de 3 ans, les vergers de ces derniers sont entrés en production, des rendements de 100 qx/ha en sec et de 140 qx/ha en irrigué ont été obtenus, la variété SABEL (raisin) augmente de 40 qx ; lorsqu’on aborde des investisseurs, comme Si Kaddour de la petite localité d’Ammal, ils n’aiment pas qu’on leur parle de leur créneau antérieur, du fait des mauvais souvenirs qu’ils ont gardé de cette spéculation qui condamne le sol 12 mois durant et sans offrir le moindre gain en échange.
Pour le premier nommé “le meilleur d’entre nous obtenait entre 15 à 20 qx/ha de blé ce qui ne représente rien devant les tonnages de raisins que produisent les ceps”.
La décision de devenir arboriculteur a été prise au moment où le pays a accepté de rééchelonner sa dette auprès du FMI, époque où le baril de pétrole à chuté jusqu’à 8 dollars, il a entendu dire que les experts de cette instance avaient insisté sur l’idée, de rentabiliser les terres agricoles peu productrices par des plantations d’arbres.
L’avantage avec sabel est qu’il mûrit tardivement, en début de septembre, période où un bon nombre de fruits disparaissent des étals du marché ce qui lui permet d’écouler sa marchandise avec un prix intéressant.
Toutefois, ce n’est pas toujours le cas pour Si Kaddour et les autres viticulteurs implantés entre Ammal et Lakhdaria, car l’an passé lors des abondantes chutes de pluie en mois de septembre, raconte l’investisseur “la campagne 2009 a été désastreuse, l’ennemi n°1 de la vigne est l’humidité et cela, a été une catastrophe pour nous”. Il parle des dizaines d’hectolitres de traitements préventifs répandus sur le champ, mais lessivés par les précipitations, et le sol ainsi mouillé a favorisé la multiplication de champignons.
De peur que le scénario ne se reproduise encore en 2010, on assiste sur ce tronçon Ammal-Lakhdaria à un va-et-vient de tracteurs tirant derrière eux des atomiseurs, ils interviennent tous les 8 jours sur les cultures.
Si Kaddour est prêt à faire face à toutes les contraintes professionnelles, mais il craint beaucoup la rumeur qui se propage et qui induit en erreur l’opinion publique, telle celle qui circule actuellement à Lakhdaria et qui tente d’après lui “d’éloigner les consommateurs de la marchandise pour soi disant qu’on a trop exagéré sur les produits phytosanitaires”.
Il désigne là évidemment leurs concurrents, en l’occurrence, les producteurs de pommes, poires et pêches, qui ont peur de connaître des méventes si le sabel se stabilise comme l’an passé entre 40 et 50 DA/kg.
A. Chérif