Bouira : Un match pas comme les autres

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Bouira, un peu plus de vingt et une heures. Le match JSK – Ahly focalise tout l’intérêt de la population y compris celui des personnes qui trouvent ridicule que vingt-et-deux adultes courent pendant quatre-vingt-dix minutes derrières une balle ronde. Mais pour ces analphabètes du foot, la rencontre va au-delà des considérations “cafesques” : c’est un match règlement de compte, le to be continued de la rencontre Pharaons Fennecs, au Caire, et à Oum Dourman. Cela est d’autant envisagé que la composante du Ahly est quasiment celle du onze national égyptien. Autrement dit, les Canaris sont invités par leurs supporters et non supporters à corriger l’adversaire égyptien.

Collé à un petit écran TV mis à la disposition des passants par un commerçant de l’artère Zighout Youcef, un sexagénaire salut l’apparition des Jaunes sur le terrain. “On va leur donner une leçon de football !” espère-t-il entre ses dents. Les plus avertis, eux, estiment que cela n’est pas gagné d’avance et que le match allait être dur.

Coup d’envoi de la rencontre. De plus en plus de passant ralentissent devant le petit écran. “Alors, ouach rahoum dayrin (comment se déroule-t-il?) interrogent-ils, avant qu’ils ne s’arrêtent franchement. Un jeune mordu de la JSK ne tient pas en place. Il longe l’artère pour revenir au point de départ quelques minutes plus tard. Il avouera à une de ses connaissances : “Je ne peux pas suivre le match. Yizmer ad Yehbes wul-iw (mon cœur peut s’arrêter”. De temps à autre un “ahh !” collectif est déverser, suite à une action de jeu bien menée par les Canaris.

Et arrive le but. l’artère explose de joie, un youyou timide s’échappe d’un des logements implantés de l’autre côté du bitume. Des femmes sorties prendre de l’air et des glaces ne cachent pas leur joies. Elles ralentissent devant les supporters et tendent l’oreille. “Maintenant le tout est de maintenir le cap !” dit le sexagénaire de tout à l’heure. “Il faut qu’ils inscrivent un deuxième but pour assurer ma victoire», estme un jeune. Les Egyptiens deviennent plus provocateurs. La tension gagne le groupe de téléspectateurs. De temps à autre un joueur égyptien “écope” d’une dentelle typiquement algérienne. A la mi-temps, les commentaires sur fond d’optimisme, reprennent de plus belle. Beaucoup s’accordent à dire que le match est gagné. D’autres ne sont pas d’accord avec cet optimisme béat. Ils estiment que tout peut arriver pendant quarante et cinq minutes de jeu. Et tout faillit arriver, n’était-ce la correction et l’intransigeance de l’arbitre de touche.

Plus que cinq minutes de jeu et de stress à supporter. Les Canaris tiennent la route jusqu’au sifflet final. Explosion de joie. La rencontre avait fait oublier pendant une heure trente minutes le qelb louz et le café bien dosé à des supporters tout heureux d’avoir dame le pion à la prétention pharaonique.

S. O. A.

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