Le barrage de Tichy-Haf dont la réalisation a duré pas moins de 24 ans a été mis en service le 19 juillet dernier, par le ministre des Ressources en eau. Il alimente les villes qui se situent entre Akbou et Béjaïa. Mais son eau dégage une odeur de cambouis et de renfermé. Et bien que les services de L’ADE de Béjaïa rassurent que la différence de goût et d’odorat du barrage de Tichy-Haf n’est qu’une caractéristique de toute eau de surface qui sera apprivoisée avec le temps et que la qualité de l’eau sur le plan microbiologique et physiologique est irréprochable, des citoyens hésitent à la consommer et recourent à l’onéreuse eau embouteillée. Dans cet entretien, le directeur de l’unité ADE de Béjaïa, Nourredine Dahdouh, tente de rassurer.
La Dépêche de Kabylie : Presqu’un mois après la mise en service du barrage de Tichy-Haf, beaucoup de citoyens trouvent encore presque imbuvable l’eau qui arrive dans leurs foyers. Qu’avez-vous à leur dire à ce propos ?
Nourrdine Dahdouh : Imbuvable, le mot est peut-être un peu trop fort. Nous, nous buvons cette eau. C’est une eau de surface qui a ses caractéristiques propres. Au pied du barrage, nous avons une station de traitement qui est très performante. Donc, l’eau est traitée avant d’aboutir sur le consommateur. Donc, il n’y a aucun souci à se faire là-dessus. La petite odeur qu’on ressent n’a rien de méchant. C’est la caractéristique de l’eau de surface.
A quoi est due à votre avis cette “petite odeur” qui rappelle le cambouis et le renfermé ?
Généralement, on retrouve cette odeur dans tous les barrages en été. On prend Akbou, par exemple, où l’eau de Tichy-Haf est mise en service depuis une année, il n’y a aucun problème ni de goût, ni d’odeur. Cette odeur a commencé à apparaître à partir de la fin du mois de mai, c’est-à-dire avec l’arrivée des chaleurs. Cela influe un peu sur les caractéristiques de l’eau. Mais question de potabilité il n’y a aucun souci à se faire là-dessus. C’est tout à fait consommable. C’est vérifié et c’est contrôlé en continu.
Le jour de la venue du ministre, à propos justement de cette odeur, certains ont fait allusion, à la non-installation d’un lit de charbon actif, qui aurait retenu les mauvaises odeurs. Qu’en est-il au juste ?
Le Charbon actif est un élément dans la filière de traitement en fonction de la caractéristique de l’eau. L’eau du barrage de Tichy-Haf, telle qu’elle arrive à la station d’épuration ne nécessitait pas cela. Concernant cet élément, il faut dire qu’actuellement, il y a des équipes qui travaillent dessus puisque l’“équipeur” est toujours là. Donc, une étude est en train de se faire pour ce qui est de cette odeur. Le charbon actif pourrait être envisagé.
Y a-t-il espoir que cette mauvaise odeur parte avec le temps ?
Absolument ! De toute façon, il n’y aura pas cette odeur en hiver, c’est caractéristique de l’été.
Que devient l’eau claire et désaltérante de la Source Bleue (El Aïnseur Azegzaw) ?
La Source Bleue a connu un rabattement très important avec les chaleurs qui ont sévi. Comme il n’y a pas eu beaucoup de pluie, son débit a beaucoup diminué. Elle arrive au niveau de la station centrale de Béjaïa. Elle alimente les différents quartiers de la ville.
Quels sont les quartiers de la ville qui sont actuellement alimentés à partir de Tichy-Haf ?
Il s’agit essentiellement des zones de Ihaddadene, du boulevard Krim-Belkacem jusqu’à Bir Eslam et d’Ighil-Ouazoug jusqu’à Sidi Ali Lebhar.
Qu’en est-il des améliorations des plages horaires de distribution d’eau ?
L’amélioration est effective dans beaucoup de quartiers. Par exemple, Tizi avait de l’eau un jour sur deux, maintenant ce quartier a de l’eau matin et soir.
Pour quand prévoyez-vous l’alimentation de toute la ville avec l’eau de Tichy-Haf?
La haute-ville est en train d’être ceinturée par une conduite principale qui va alimenter les différents réservoirs de la ville de Béjaïa.
C’est un projet sectoriel qui est piloté par la direction de l’hydraulique de la wilaya. Son achèvement est prévu pour la fin de l’année en cours.
Entretien réalisé par B. Mouhoub