M’chedallah : Rush sur les figues de barbarie

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La récolte des figues de barbarie arrivée à maturité en ce début du mois du carême, est tombée à point nommé pour garnir les meïdas plutôt maigres de la majorité des citoyens, en raison de la cherté et du chômage ; ce fruit exotique tant prisé ne peut être qualifié que de  » banane du pauvre « .

Au niveau de chaque village, les vergers de figues de barbarie sont pris d’assaut par des citoyens que l’effet du Ramadhan a fait tomber sous le charme de ce fruit poilu mais bombé dont le contenu est une matière sucrée et savoureuse ; dés qu’on commence à le déguster, on en mange jusqu’à satiété et le ventre gonflé malgré le risque de constipation à chaque abus dans sa consommation.

Le seul inconvénient de ce fruit est le fait d’être, le plus difficile à cueillir, en raison, d’abord, des feuilles de la plante qui le porte comportant des épines, ensuite c’est lui-même qui est protégé en plus d’une peau épaisse, elle-même, recouverte d’un duvet de fines épines

Les citoyens expérimentés se lèvent tôt le matin, avant le lever du soleil, pour faire la cueillette, car en ce moment, la fraîcheur du petit matin donne au fruit une saveur supplémentaire, ensuite l’humidité empêche les fines épines de s’envoler au toucher de peur qu’elles n’atteignent la peau et les yeux. Pour cueillir la figue de barbarie, les villageois confectionnent une sorte de gaule terminée par trois crochets entre lesquels on tient le fruit, il suffirait de tourner légèrement cette gaule pour ramener le fruit ; un instrument qu’on obtient à partir d’une branche de laurier rose (ilili) qui comporte trois rameaux, cette branche courte peut être prolongée par un roseau sur lequel on la fixe solidement.

Les fruits cueillis sont déposés en tas par terre pour les débarrasser des épines à l’aide d’une poignée de branches de buisson, ensuite, ils sont mis soigneusement dans des corbeilles car un fruit abîmé ne peut être consommé et pour éviter les épines, l’idéal serait de passer les fruits sous un filet d’eau. Pour le débarrasser de sa peau, où découpe les deux extrémités au couteau et puis, en l’incisant au milieu avec la lame dans le sens de la longueur, il suffirait de tirer sur les deux parties incisées pour voir apparaître le fruit charnu dans toute sa splendeur et sa saveur.

Chaque matin, des groupes de citoyens se rendent dans les vergers de figues de barbarie équipés de la gaule dénommée canne (Thaakasth) et d’une corbeille et ne reviennent qu’aux environs de 10h, lourdement chargés ; ces citoyens en profitent aussi pour faire un saut du coté des figueraies pour compléter et varier leurs cueillettes par une autre corbeille de quelques dizaines de figues fraîches qui apporteront à leur tour quelques couleurs aux meïdas des jeûneurs.

Pour rappel, les abondantes chutes de neige de 2004 ont complètement détruit les vergers de figues de barbarie au point où les citoyens ne croyaient plus revoir cette plante un jour

Une année plus tard, toutes les racines enfouies sous terre ont repoussé et germé l’année suivante et grâce à cette croissance prodigieuse, les vergers se sont naturellement reconstitués et les plantes rajeunies recommencent à donner des fruits encore plus beaux que ceux d’avant.

A noter enfin, qu’au même titre que la figue fraîche, celle de barbarie est très riche en protéines et hautement vitaminée et cela, en plus de leur agréable et irremplaçable saveur au goût, du pur miel d’abeilles !

Oulaid Soualah

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