Il fut le thème d’une conférence / Le suicide en débat à Mekla

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Finalement, après une torpeur qui a duré près de dix jours, la maison de jeunes de Mekla a organisé une conférence sur le thème: « Le suicide et ses causes », animée par le Dr Hamid Foual, assisté d’un imam de la région. Le débat a tourné principalement sur les statistiques qui dénotent clairement que la jeunesse de Mekla n’est pas épargnée, même si l’âge n’est aucunement une référence pour les cas constatés dans la daïra qui se classe, semble-t-il, parmi celles où ce fléau social a fait le plus de victimes. Pour le docteur Foual, le suicide est un état de fait qu’il faut prendre en considération, d’autant plus que, dans la plupart des cas, les gens qui se suicident ne présentent aucun signe avant-coureur permettant de prendre les mesures qui s’imposent et d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.

Si un intervenant a déclaré que c’est un acte impulsif et imprévisible, la réponse du praticien a été claire : « C’est un acte réfléchi et raisonné avec une préméditation et une planification complète. Le fait de choisir le lieu et le jour, le fait de se prémunir d’une corde ou du poison adéquat, le fait surtout de veiller à ce que l’acte prévu ne soit pas empêché ça, c’est de la programmation et ce n’est pas de l’improvisation, loin de là », analysera-t-il.

L’Imam a, quant à lui, souligné que le suicide est un acte que la religion condamne et se refuse à justifier. « La religion musulmane proscrit par essence d’attenter à sa vie. En ce qui concerne le fait de faire la prière des morts, cela dépend surtout des préceptes des grands savants qui laissent les imams assumer leurs responsabilités selon leur foi. Les références à des hadiths sont nombreuses. Cependant, il n’en demeure pas moins que, devant la recrudescence de ces actes fatals, la religion doit s’immiscer et faire son possible pour que les candidatures au suicide soient combattues. Les portes des mosquées sont le domaine privilégié de la recherche de soi et des solutions aux problèmes – parfois de faux problèmes-, auxquels font face ces personnes qui osent franchir le pas. La culture physique par le sport, la culture mentale par la lecture et la culture spirituelle par la religion, sont les moyens de base pour faire face à

ce genre de situation, où le stress et l’isolement créent le cadre de toutes les actions. Car, malheureusement, ce ne sont ni les échecs, ni les frustrations, ni les problèmes insolubles, ni les difficultés jugées insurmontables non plus qui sont les principales sources de ce fléau. Certains suicidés vivent dans l’aisance, d’autres n’ont jamais eu à faire face à un quelconque problème, et beaucoup vivent tout naturellement jusqu’au moment fatidique où… ».

Cependant, un intervenant a rappelé les avantages de la communication, par le biais de la thérapie de groupe, la résurgence des conseils de village, la réactivation des « Djemaâ » où les jeunes et les vieux se délectaient jadis, en écoutant les autres et en s’écoutant eux-mêmes.

Car, en ces temps-là les « Djemaâ » étaient le lieu de rencontre de tous, le premier âge pour s’amuser et, pendant les journées froides, se glisser dans le premier burnous proche pour se réchauffer, le troisième âge en profitant pour se délecter des anecdotes que chacun s’empresse de raconter. Quant au deuxième âge, son attention est attiré par d’autres contingences, généralement à des fins matrimoniales dans les parages des fontaines où la gent féminine est omniprésente.

Tout cela permet l’extériorisation des sentiments, car, souvent, les histoires racontées sont vécues réellement par le narrateur, l’objectif étant d’obtenir les impressions, les opinions et les avis de chacun des présents. Lorsque deux personnes ont le désir de se rencontrer, la « Djemaâ » est toute prête pour leur offrir ses bancs. Et c’est en ce même lieu que la gestion du village se concerte et c’est en ces lieux mêmes que tout adolescent apprend à respecter les autres pour se faire respecter. Toute l’assistance a été unanime à reconnaître qu’il faut à tout prix relancer la communication entre individus appelés à vivre en communauté. Et c’est tard dans la nuit que chacun est rentré chez soi pour le shour. Le directeur de la maison de jeunes a été chaleureusement félicité par les présents qui ont émis leur espérance de pouvoir assister encore à des conférences de ce genre.

Sofiane Mecherri

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