Bouira : Victoire sans images

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La rencontre Ahly-Canaris prévue à 20h30 avait carrément relégué les considérations œsophagiques à l’arrière-plan. Il n’y avait d’yeux, d’oreilles et de… ventres que pour le grand match. Persil, céleri et surgelé indien pouvaient attendre. “L’équipe nationale locale” a focalisé toutes les attentions. Chacun y allait avec son pronostic. Mais d’aucuns estimaient que les Kabyles allaient vivre 90 minutes d’enfer et que les misères subies par le onze national au Cairo Staduim, un certain 14 novembre, allaient être rééditées. Et plus on y pense, plus la peur se mêle à la rage de vaincre. On savait que la rencontre ne sera pas retransmise par la télévision algérienne qui ne s’était pas déplacée au Caire avec les Canaris. “Où peut-on alors la suivre ?», s’interroge-t-on non sans charger l’entreprise télévisuelle algérienne que l’on traite de tous les noms répertoriés en dessous de “Zéro”. On apprendra vaguement que les 90 mn du feuilleton Algérie- Egypte allaient être diffusées par une chaine arabe payante. Juste après le f’tour, qui exceptionnellement sera expédié en quelques minutes, les fans (et les non fans) de la JSK partaient à la recherche d’un hypothétique café où ils pourraient suivre le match. Au niveau du boulevard Zighout Youcef et à près d’un quart d’heure de la rencontre, Mestafa, Brahim, Fateh, Massi et Salim fulminent : leur copain n’a pas ramené la carte qui leur permettrait de décrypter la fameuse chaîne arabe. 20 heures 30 mn. Une grappe de jeunes s’agglutine devant un magasin d’alimentation générale. Le petit écran installé par Rachid à l’extérieur de son local ameute de plus en plus de monde. La grappe ne tardera pas à devenir foule. En fait, il n’y avait que les premiers arrivés à être bien servis. Le reste de la foule qui déborde jusqu’à sur l’asphalte ne voit rien. Mais ils sont quand même très près de l’information. Quelques cinquante mètres plus loin Salim, Mestafa, Massi et Fateh tendent l’oreille espérant entendre un cri de joie venir de…l’alimentation générale. C’est plutôt le silence, silence inquiétant. En fait, les Canaris venaient d’encaisser un but. Le silence ne tardera pas à être rompu par “un il y est !”. Fateh et ses copains accourent vers le magasin de Rachid pour s’enquérir de “quoi, qui et comment”. Les Canaris évoluent à dix contre les pharaons.  » La JSK n’a plus de chance : les Egyptiens ont offert une villa à l’arbitre», ironise Fateh. Mais les Canaris tiendront la route et résisteront à l’arbitre, aux spectateurs et joueurs jusqu’au coup de sifflet final. S’en suivront une explosion de joie et le désormais traditionnel défilé de voiture. Traduite par les youyous et les coups de klaxons, la joie gagnera quasiment tous les quartiers de la ville.

Salas O. A.

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