La Dépêche de Kabylie : Comment vous est venue l’idée de rédiger Aperçu sur l’histoire de la Kabylie ?
Ali Battache : L’idée est venue de source : je suis enseignant et quand je prépare un cours, je me penche vers la recherche de documents qui peuvent être utiles à l’élève. Au fil des années, j’ai empilé une grande quantité d’archives où chacun me faisait comprendre la grandeur des hommes de notre région, leurs richesses et leur simplicité. Et tout à coup, pour mieux conserver ce patrimoine et bien le diffuser, j’ai décidé de consacrer un ouvrage à nos hommes et transmettre leur mémoire aux générations futures.
Cet ouvrage est à sa troisième édition en langue arabe et à la deuxième en langue française. La version en anglais est en cours de préparation. Puis, ce fut Tanekra, un film documentaire. Pouvez-vous nous en parler ?
La richesse du contenu et l’authenticité de mes sources sont indéniables. Chaque lecteur se sent réellement présent dans les lieux de batailles tant les endroits et leurs noms sont assez conservés de nos jours.
Le film, quand à lui, est la vulgarisation d’une époque. Il est fait à base d’actions animées par des acteurs, suivies d’une voix off. En marge, il y a des dialogues et les interventions de plusieurs personnalités de la région. Aussi, ce film a été tourné un peu partout, Bgayeth, Sour El Ghozlane, El Bordj, El Qallaa, Jijel… Comme pour reproduire et rester fidèle aux paysages de l’époque.
En 2008, les dépouilles de Cheikh Aheddad de ses fils ont été ré-inhumées à Seddouk Oufella dans un mausolée dont vous êtes le responsable…
En effet ! Le livre a eu un écho favorable auprès de la population comme un repère qui leur manquait tant. Puis, rapidement, un projet de la Présidence est venu couronner le tout avec un ensemble culturel constitué d’un mausolée, la maison des Khouans, Thakhalouith, Thaâouint, en plus des allées bétonnées. Cet ensemble est rattaché à la direction de la culture de Bgayeth. J’ai été sollicité par le directeur de la culture et j’ai pris mes responsabilités avec plaisir. De même, j’aimerais dire que la ré-inhumation des ossements de Cheikh Aheddad avec ses deux enfants est la concrétisation de son vœu d’être enterré au cimetière de ses aïeux.
Le site accueille plusieurs visiteurs qui ne sont pas toujours satisfaits…
Oui, je vous concède cette remarque… Nous manquons effectivement de personnel afin de satisfaire la curiosité pédagogique des nombreux visiteurs (plus de dix mille depuis l’inauguration). A vrai dire, ce site nécessite un budget de fonctionnement spécial pour notamment rénover et entretenir. Aussi, je pense qu’avec la construction prochaine du musée, celui-ci aura un statut lui permettant de combler le vide culturel et pédagogique existant.
Je vous laisse finir…
Tant qu’on est en vie, il est difficile de finir (rire). Personnellement, j’ai le devoir de me tourner vers ceux et celles qui ont contribué à la publication de l’ouvrage, je citerai entre autres mon éditeur, la DJS, la direction de la culture, Amimer Energie, l’ODEJ, les APC de Seddouk et d’Amalou que je remercie infiniment. Pour terminer cet entretien, j’ose espérer que les sacrifices (privations, prisons, tortures…) et le combat de Cheikh Aheddad et compagnie doivent être un exemple pour les générations à venir. Avant son appel au djihad, le cheikh avait dit : «Erray d amcum, maca at nexdem», c’est-à-dire : l’idée est délicate mais il est impératif d’y participer. Le sang a, depuis, abondamment coulé jusqu’à irriguer les consciences de la génération de 1954 qui a arraché l’indépendance.
Entretien réalisé par T. D.