Après l’affaire des “mauvais musulmans” dont un chrétien affirmé condamné juste pour avoir cassé la croûte parce que sa religion ne le lui interdit pas, voici venu le moment de juger d’autres chrétiens ( au nombre de quatre) pour avoir transformé une maison en lieu de culte. C’est ainsi que demain, le juge du tribunal de Larbaa Nath Irathen, aura à se prononcer.
Au-delà de la dimension spirituelle de l’acte, ces quatre prévenus, qui ont préféré la croix au croissant, prier debout plutôt qu’en génuflexion, auront également à répondre à des questions sur leurs agissements en terre d’Islam. Or, le dernier des prophètes n’a, à aucun moment de sa vie, forcé des Chrétiens à embrasser l’Islam. Encore moins reproché à ces derniers de fréquenter l’église au lieu de la mosquée. Et la liberté du culte a, tout temps été respectée. Aujourd’hui, la traque aux “mauvais” musulmans et aux chrétiens fait l’actualité. Le tribunal de Larba Nath Irathen, qui drainera la grande foule aura à se prononcer sur cette affaire, des chrétiens poursuivis pour avoir créé un lieu de culte religieux, dans un logement sans en aviser les autorités. L’affaire qui fait les gorges chaudes dans la région remonte au mois de janvier lorsque l’un des prosélytes de la christianisation de Tizi Ouzou a décidé d’acheter une maison dans la localité de Ath Atteli, distante de 2 km de Larbâa Nath Irathen. Cette maison était destinée à être transformée en église, et ce malgré une farouche opposition des populations locales. La dernière provocation contre la communauté chrétienne remonte à quelques mois, lorsque l’église protestante de Tizi Ouzou a été sommée par la wilaya de démolir des travaux, effectués à l’intérieur du mur d’enceinte pour sécuriser l’édifice. Le motif, qui invoque le “défaut de permis de construire», contraste avec l’anarchie architecturale qui a fait la réputation du quartier. Mustapha Krim, président de l’Eglise protestante d’Algérie, est amer : “Cette attitude discriminatoire n’est motivée que par un seul argument : notre foi chrétienne.”
Devant cet état de fait qui n’a aucune légitimité des questions, qui resteront vraisemblablement sans réponses, s’imposent :
En quoi, des Algériens, mus par leur liberté de conscience, porteraient-ils atteinte à leurs semblables en se rassemblant les dimanches pour adorer Jésus, sachant qu’en Europe, terre de Christianisme, des millions de musulmans bloquent même la circulation routière le vendredi ( Rue Mira à Paris) pour prier ?
Comment le juge qui aura à statuer sur cette affaire osera-t-il se regarder le matin devant sa glace sachant qu’il s’apprête à juger des hommes dont le cœur s’est plutôt penché vers le Christianisme ?
D’autres questions peuvent être sériées mais elles ne risquent pas d’attendrir le cœur des juges. Alors attendons le procès et nous verrons.
Ferhat Zafane