Entretien express avec Mahmoud Yahou, accusé : “Cette histoire concerne tous les chrétiens de notre pays”

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Mahmoud Yahou, l’un des quatre accusés dans l’affaire de l’église de Larbaâ Nath Irathen, passera, avec ses trois autres co accusés, devant le juge demain. Dans ce bref entretien, M. Yahou revient en détail sur l’affaire.

La Dépêche de Kabylie : Quels sont les faits que la justice vous reproche dans cette affaire ?

Mahmoud Yahou : D’abord, je pense que je ne dois, en aucun cas, passer devant le juge pour une histoire comme celle-ci, et c’est la même chose pour mes co accusés, mais dans notre pays, les lois sont bafouées, les droits aussi, donc à quoi bon de répéter toute la chanson. La genèse de l’affaire remonte à la période où j’avais loué ma maison pour la communauté chrétienne de la région, dont je fais partie, pour en faire une église. Dès lors, un groupe de militants intégristes a lancé une pétition contre nous. Fort heureusement leur démarche n’a récolté que 25 signatures, issues toutes d’une même famille connue pour ses penchants islamistes. Pour bien expliquer cela, je dois dire que notre village compte pas mois de 6.000 âmes. Ce groupuscule a même été chez le P/APC pour nous dissuader d’accomplir nos rites religieux dans l’enceinte de cette maison. Le maire m’a convoqué en me demandant de mettre fin à cela. Ma réplique était responsable, car j’ai demandé au premier magistrat de la commune de saisir l’Eglise protestante d’Algérie, à laquelle nous sommes affiliés, pour avoir des explications. Quelques temps après, la police me convoque avec mes trois autres amis. Dans les locaux de ce service de sécurité on nous a parlé d’une commission de cultes qui n’active en réalité même pas.

Vous avez évoqué l’existence au début d’un groupe d’extrémistes…

Oui, effectivement, un groupe d’extrémiste a même tenté de faire pression avec une pétition, comme je l’ai souligné avant. Cette pétition a été déposée à la police. Ils ont même tenu une réunion à l’APC pour débattre de cette histoire. Pour tout dire, notre église a déposé une demande d’affiliation à l’EPA, (Eglise protestante d’Algérie), et dont un accusé de réception du dépôt du dossier serait la preuve que notre église n’est pas clandestine. Autre chose, on m’accuse aussi d’avoir invité un étranger. Cet individu a passé devant la douane algérienne et je pense que cette institution ne peut, en aucun cas, laisser entrer un étranger sans visa ou sans papier en bonne et due forme.

Ce n’est pas la première fois que des Algériens de culte chrétien sont poursuivis pour prosélytisme autre que musulman…

Cette histoire concerne tous les chrétiens de notre pays. Nous sommes une communauté intimidée partout dans le pays. De l’affaire de la jeune chrétienne de Tiaret à l’incendie de l’église Tafat de Tizi-Ouzou, puisqu’à cette affaire sans citer toutes les autres affaires d’intimidation et de persécution, je dirai que même si je passe en justice avec trois de mes camarades, j’assume entièrement mon appartenance à la communauté chrétienne et j’assume entièrement ce choix que j’ai fait.

Notre avocat s’en chargera d’autre chose.

Une forte mobilisation est prévue demain devant le tribunal pour vous apporter soutien, quel est votre sentiment ?

Je sais bien qu’un mouvement de soutien est enclenché surtout après l’affaire des non-jeûneurs de Michelet et de Ighzer Amokrane, je suis très content du fait que les citoyens soient sensibles à notre cause.

Propos recueillis par M. M.

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