Kamel Eddine Fekkhar à la Dépêche de Kabylie : « Je ne suis l’esclave de personne ! »

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La Dépêche de Kabylie : Le premier secrétaire national du FFS vous a accusé d’être le principal instigateur de l’agression contre la mosquée de Ghardaïa, quelle est votre réaction ?

Kamel Eddine Fekkhar : C’est une manière de détourner le débat des questions essentielles que j’ai évoqué dans la lettre adressée au président du parti. Le vrai problème, c’est l’incroyable recul du FFS sur la scène politique même dans son fief historique, la kabylie. Vous n’avez qu’à voir le nombre d’élus que nous avons en Kabylie pour s’apercevoir de cette dégringolade. Nous avons demandé au président du parti de rentrer et reprendre le FFS en main avant que cela ne soit trop tard, nous souhaitons aussi la tenue d’un congrès rassembleur qui réunira les cadres écartés et les militants exclus.

On vous reproche le fait de s’être adressé par le biais d’une lettre, au président de la République…

Les gens doivent savoir que je suis aussi militant des droits de l’homme au sein de la LADDH, membre du bureau d’Amnesty internationale en Algerie, je m’appelle Kamel Eddine Fekkhar et je ne suis esclave de personne. J’ai le droit, en tant que citoyen, d’écrire même à Obama ou à l’empereur de Chine, personne ne peut m’empêcher.

Vous avez exprimé des doléances, dans votre lettre au président de la République, où vous demandez les droits de la minorité mozabite, ce qui, aux yeux de la direction du FFS, est contraire à la ligne politique du parti, qu’est-ce qui a justifié votre démarche ?

Je constate qu’il y a une méconnaissance des principes que défend le parti. On parle du respect des droits de l’homme sans en connaître le vrai sens. Les gens qui me critiquent sur ça doivent consulter et lire pour se cultiver au lieu de passer leur temps à m’insulter. Le pacte des droits civiques et politiques que notre pays a ratifiés reconnaît, dans son article 21, la possibilité d’avoir de spécificité les droits des minorités sont garanties. Ces gens doivent élever un peu leur niveau intellectuel. Il ne faut pas mélanger les concepts, l’autonomie ou les droits des minorités.

Qu’en est-il des excuses demandées au premier secrétaire national de votre parti, à propos des événements de la mosquée de Ghardaïa ?

Malgré le fait que le 1er secrétaire national fût informé dès les premières minutes de tous les faits et de la grave évolution de la situation, le silence absolu fut sa seule réponse aux appels de détresse des militants agressés et cernés dans un premier temps. Puis, il donnera l’ordre à des citoyens n’ayant aucune relation organique avec le parti, en dehors de trois d’entre eux, de salir la réputation des militants en travestissant et falsifiant les réalités, pour que cela concorde avec les rapports de police et des larbins des autorités locales.

C’est ainsi que les militants, victimes de cette agression sauvage, et avec la complicité de la police, se verront accusés d’atteinte à un lieu sacré qu’est la mosquée. Nous avons adressé des rapports détaillés des événements au secrétariat national et au président du parti, le 1er secrétaire n’a pas daigné dénoncer cette agression contre le siège et contre les militants qui affrontaient la mort à l’intérieur du bâtiment, jusqu’ à ce jour.

Il refusera même de discuter et de demander des excuses aux militants ; dépités de son silence assourdissant et étrange, lors de la réunion de la session ordinaire du cConseil national dernièrement en date du 17 septembre 2010. Cette attitude a provoqué le retrait de la majorité des membres du Conseil national représentant la fédération de Ghardaïa.

Cela rappelle ce qui s’est passé à la section de Berriane et son étrange silence très suspect et ce, après l’assassinat du 1er secrétaire de la section de Berriane, feu Kerrouchi Omar, la destruction du local et l’arrestation de la majorité des militants lors des événements de Berriane, connus de par le monde.

Entretien réalisé par A. Z.

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