Entretien Rabah Belabed, jeune réalisateur : «La discrimination et les passe-droits gangrènent Le festival du film amazigh»

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Rabah Belabed est un jeune réalisateur amateur originaire de Tagmount el Djedid dans la région des Ouadhias. Après le franc succès qu’a connu son premier film Tili N’wadaw, (L’ombre de l’ennemi) où l’auteur a tenté de réaliser un film d’action avec peu de moyens, et rompre ainsi avec la routine qui caractérise le cinéma amazigh ; il apporte dans ce nouveau film des propositions à même d’aplanir les difficultés sociales qui minent la cellule familiale kabyle.

La Dépêche de Kabylie : Qui est Rabah Belabed ?

Rabah Belabed : Je suis un homme de 35 ans, originaire du village de Tagmount el Djedid où je vis toujours. Je suis fonctionnaire et épris du cinéma. Depuis ma tendre enfance je souhaitais réaliser des films et apporter ma brique à l’édifice qu’est le jeune cinéma amazigh.

Nous essayons de travailler avec les moyens de bord pour propulser le cinéma et la culture de nos ancêtres.

Parlez-nous de vos débuts alors.

Tout jeune, j’ai commencé à travailler avec un simple caméscope. Je filmais surtout les fêtes et les réceptions dans notre village. A force d’exercer, j’ai eu la conviction que réaliser des films est largement à ma portée et c’est de là qu’est partie ma première réalisation en 2008. Depuis, avec l’apport et le soutien de l’association culturelle de notre village, nous essayons d’aller de l’avant pour le bien du film amazigh.

Avez-vous déjà participé au festival du film amazigh ?

J’ai essayé de m’inscrire mais hélas, on n’a pas retenu ma candidature. Pourtant, mon film méritait largement d’entrer en compétition. Je suis persuadé que la discrimination et les passe-droits sont à l’origine du rejet de mon film. Sinon, comment expliquer que certaines œuvres de basses qualités sont acceptées. Je tenterais de participer à la prochaine édition qui se tiendra à Azzefoun le mois de mars prochain avec justement ce nouveau moyen-métrage.

Voulez-vous nous parler du thème que vous avez abordé dans votre nouveau film Tifukal ?

Ce film social aborde le problème de la jalousie qui est un sentiment qui génère la haine et la souffrance de toute la cellule familiale. Le déchirement entre la belle-mère et sa belle-fille est un phénomène vieux comme le monde, mais qui demeure toujours d’actualité et qui cause des dégâts irréversibles. Nous avons tenté d’éclairer les lanternes dans l’optique de mettre les gens sur la voie de l’amitié de l’amour et de l’entraide pour enfin faire régner la cohésion sociale et préserver les liens familiaux.

Vos objectifs à long terme ?

Malgré les difficultés qui entravent notre parcours, à savoir l’absence de moyens, d’infrastructures et d’une réelle volonté politique à rehausser le niveau du cinéma amazigh, nous irons loin et ferons le nécessaire pour donner au cinéma d’expression amazighe une dimension supérieure qui lui fera gagner une place au soleil dans : le cinéma national et mondial pourquoi pas ?

Un dernier mot ?

Chapeau bas aux acteurs qui travaillent gratuitement et bénévolement. Leur premier souci est de participer à l’édifice du cinéma kabyle. Nous appelons les responsables de la culture au niveau local à regarder de notre côté. Sans omettre les membres de notre association et les jeunes du village d’Aït Abdelmoumène pour nous avoir apporté leur précieuse contribution.

Et puis, grand coup de chapeau au journal des Hommes libres pour nous avoir permis de nous exprimer librement.

Zerbout Mouloud

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