96 dons de sang en 32 ans !

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Le ton n’est jamais monocorde et la passion qui se dégage de pas dires la déclame avec force. Convaincue, elle veut convaincre l’autre, souvent avec réussite. Prolixe, elle l’est, enfin juste ce qu’il faut quand elle aborde sa quête de la vie, ses mains ouvertes et tendues vers l’autre dans un sacerdoce qui est véritablement sa raison d’être : le don de sang !Lorsque dans un océan d’égoïsme, le particulier se fond dans le général, lorsque les valeurs premières propres à l’espèce s’estompent devant des schémas et des concepts sous-tendus par un individualisme exacerbé, lorsque la non-violence est remise au placard des idées discrètes et que ne se suffisant pas de bras adultes, les guerres lèvent des enfants, lorsqu’une partie de l’humanité repue, met le feu à ses surplus alimentaires et qu’en même temps le continent martyre, l’Afrique, a faim, lorsqu’on refuse l’accès aux soins à des millions de gens atteints du sida, lorsque la pauvreté de la majorité n’émeut plus personne, alors l’humanité est en droit de trembler et d’afficher pessimisme et crainte légitime quant à son devenir. Pourtant tout au long des siècles, dont les seules constantes et valeurs immuables se rapportent à la haine aux guerres, à la violence et à l’intolérance, des voix se sont élevées, ici et là, semant les graines de l’amour en affirmant tout haut que le côté obscure de l’humanité n’est pas une fatalité et que le monde peut et doit être meilleur. Jésus, Gandhi, Mère Thérésa, l’abbé Pierre, Shindler, Raoul Follerau, les moines de Tibhirine… et tant d’autres anonymes, tout justes apôtres de la non-violence, de l’altruisme vrai et de l’avènement de l’homme nouveau qui aura enfin renoué avec son côté bon, sont comme autant de traits lumineux dans un monde à qui rien n’a été épargné.Mme Fatima Attoumi, qui est aussi avec figure emblématique d’une association dont l’utilité publique et archi-reconnue, milite depuis toujours pour le droit à la vie et à sa sacralité. Si d’autres, et ils sont nombreux le font avec force redondance et tournure d’esprit, elle, Mme Attoumi a fait don de soi, d’une partie d’elle-même, une raison de vivre. Vivre en faisant vivre les autres, telle est sa devise.Présidente de l’association des donneurs de sang et membre fédéral chargée des relations publiques, elle carbure à l’optimisme qui fait qu’elle éprouve continuellement le besoin d’aller de l’avant, de construire et de laisser enfin le soin aux autres de continuer son œuvre, passant à autre chose toujours dans le caritatif et si possible loin des feux de la rampe. Au cours de sa longue et pleine carrière de sage-femme, une activité toujours en rapport avec la vie, elle dit avoir éprouvé beaucoup de compassion envers les autres, celles qui momentanément endurent le martyre, et parfois un stress, bien compréhensible eu égard à sa sensibilité à fleur de peau. »Mais quelle récompense au bout ! Le bien-être du couple mère-bébé n’a pas de prix », dira-t-elle.Quant à son histoire d’amour avec le sang, elle remonte à 1973, quand pour aider sa mère en lutte contre la grande faucheuse, elle s’est portée volontaire pour donner un peu de son liquide vital. Depuis, elle n’a pas arrêté. Bien de gens peuvent se targuer en Algérie d’avoir donné autant qu’elle. En 32 ans, Mme Attoumi a, à son actif, 96 dons de sang, plasma et plaquettes d’une utilité vitale pour les leucémiques, en Algérie comme en France. Elle nous a confié avoir refusé de le faire en Allemagne pour la simple et bonne raison que les dons de sang sont rémunérés.C’est sur un vibrant hommage aux citoyens qu’elle nous quitte pour aller encore une fois faire un nouveau don de sang, c’est sa manière à elle d’inciter les citoyens à faire comme elle.

M. R.

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