Inauguré au début des années 1970, le barrage de Djebla sis à quelques kilomètres du chef-lieu communal de Ouaguenoun, se trouve dans une situation des plus critiques.
En effet, après la défection du système d’irrigation, il y a de cela une vingtaine d’années, la digue d’une capacité de trois millions de mètres cube, semble être laissée-pour-compte, en enregistrant pour principale conséquence : des dizaines de milliers d’hectares de terres agricoles laissés en jachère. D’autre part, la commission d’évaluation mise en place par le conseil consultatif communal, après plusieurs sorties sur le terrain, a dressé un tableau noir sur la situation dans laquelle se trouve cette infrastructure hydrique qui fût, jadis, la fierté de cette région à vocation agricole. Les anomalies constatées sont entre autres, la dégradation du treuil pour câble de vidange, fissuration des parois du déversoir (trop plein) faisant apparaître des fuites, réseau refait récemment en amiante ciment contre la volonté des irrigants est à moitié achevé et non fonctionnel, vannes et conduites défectueuses. En illustrant leur constat avec des photos prises sur les lieux, les membres de cette commission évoquent également, dans leur rapport, l’état de détérioration très avancé des deux logements de fonction, l’état de délabrement avancé de la station de pompage et l’absence d’alimentation en énergie électrique de cette dernière. Pis encore, la commission fait état du déterrement de l’ancien réseau en acier et sa récupération dans des conditions obscures, alors que celui-ci pouvait être réhabilité et entretenu à moindre frais, estime-t-on. Dans le même sillage, la commission d’évaluation prévient d’un éventuel risque de pollution que peut engendrer l’installation anarchique des groupes motopompes aux alentours du barrage. Il est utile de rappeler qu’une quantité importante de poissons a péri dans cette digue à la suite d’une pollution provoquée par des produits toxiques émanant de ces machines, il y a quelques années de cela. En dressant un constat qui semble des plus alarmants concernant cette infrastructure, les membres de la commission d’évaluation, constituée de bénévoles, ne cachent pas leur dépit quant à la mauvaise image que dégage l’état actuel de cet ouvrage. «L’image dégagée par cette infrastructure montre un laisser-aller flagrant et un sabordage caractérisé qui portent atteinte à la crédibilité de plusieurs institutions de l’Etat», estiment les membres de la commission. A cet effet, et afin de redonner à cet ouvrage son image d’antan, l’assemblée générale du conseil consultatif recommande avec insistance l’intervention de toutes les parties concernées. D’autre part, les représentants des irrigants de cette localité qui ont eu à rencontrer les représentants des ministères de l’agriculture et des ressources hydriques au niveau de la direction de l’hydraulique, évoquent la possibilité de prise en charge dans les prochains mois, par les pouvoirs publics, des doléances des agriculteurs. L’exécution des grands travaux de réparation, l’équipement du périmètre irrigué en matériels adéquats, l’établissement d’un cahier de charge souple à la portée des irrigants, sont autant de démarches inscrites à court terme dans l’agenda des autorités. Toujours dans le même ordre d’idées, il a été convenu d’un commun accord entre les délégués des agriculteurs et les représentants des deux ministères, de faire une sortie sur le site afin de dresser l’état des lieux. D’autres actions à entreprendre dans un proche avenir ont été également évoquées. Ces actions ont pour objectif, entre autres, de ressusciter l’engouement des Fellahs à prendre en main cet ouvrage qui ne cesse de faire couler beaucoup d’encre.
M. A. Tiaouinine
