Portrait Nostalgie musicale / Agraw Boudjemâa, un artiste complet

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De son vrai nom Ouddane Hamid, est né le 27 décembre 1952 à Semaoune, commune de Chemini dans la wilaya de Béjaïa en Petite Kabylie. Agraw Boudjemâa a commencé sa carrière comme chanteur amateur à la radio berbérophone Chaîne 2 avec déjà un disque microsillon (45T) en vogue. Au début des années 1980, il s’installe à Paris et y sort son premier album en collaboration avec Takfarinas en 1982. Cet album comportait les titres Leswar ezzine (chanson phare) et beaucoup d’autres tel Mumendil yeddwen (une reprise d’une chanson folklorique d’Ait-Waghlis).

En 1983, le duo Agraw revient avec un autre album qui contient des titres comme D’Akli et Chef au parti. Une année plus tard, le groupe se sépare pour des raisons non pas conflictuelles mais plutôt pratiques, consciencieuses et d’engagement ; puisque Takfarinas, le deuxième membre produisant aussi sous son propre nom était dans l’incapacité de se produire tout seul et s’orientait plutôt vers la chanson d’ambiance. Contrairement à Boudjemâa qui, ce dernier, étudiait ses textes et fait un choix du verbe au détriment de l’autre. Le climat était à la dérive, autant réveiller les consciences que les berner. En s’appropriant le nom du groupe et en 1984 vint le premier album solo de Boudjemâa mais toujours sous le label d’Agraw, cet album connut aussi un succès mais un peu moindre par rapport aux précédents. En 1985, le groupe Agraw sort un autre album avec un nouveau membre, Karim Tizouiar (ou Karim T), un jeune chanteur doué de beaucoup de talent de la région de Cap Siglé (Béjaia). Cet album compte des titres comme Lakhmis d ldjemâa et Iâach ur yeksiv. En 1986, Karim T est parti en carrière solo lui aussi, ce qui n’empêchera pas Boudjemâa de sortir un album, ce dernier comportera comme titre phare « Uliw Yedduqus » qui veut dire : « mon cœur bat la chamade », un titre repris récemment par plusieurs artistes dont Karim T.

En 1987 arrive le dernier album produit en France en collaboration avec Arezki Baroudi, Jean François Picot et Céline Chollet, un grand tournant dans le style du chanteur Boudjemâa, des chansons majoritairement composées avec des percussions électroniques avec un style alliant cette fois-ci romance et mélancolie. Cet album a eu un grand succès, on peut citer les chansons « Ma ulacikem » et « Ayen nnan ». À partir de 1988 et jusqu’à présent, Agraw produit des albums avec des hauts et des bas dans ce monde artistique. Sa façon de composer et de rimer des textes et des mélodies toujours allant avec, nous procure d’intenses sensations et l’amour va en grandissant vers cette Kabylie, notre chère patrie. Militant de base pour la cause berbère, il se retrouve tant de fois heurté à ce mur despotique du pouvoir en place et son penchant à la chanson engagée n’a pas pris de rides depuis. L’engagement est nécessaire car il oriente, sensibilise et identifie toute une nation dans ses repères culturels et identitaires. Comme déjà il l’annonce clairement : « Tout silence est mensonge, et tout mensonge une atteinte à la liberté d’un peuple ». Sa simplicité et sa générosité ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui : un artiste complet.

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