“Le mythe est un récit qui se veut explicatif et fondateur d’une pratique sociale”

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Hier, au deuxième jour du colloque sur “ Les représentations, mythes et stéréotypes autour des Amazighs», qu’organise le Haut commissariat à l’Amazighité plusieurs communications ont été présentées par les invités. Ainsi, M. Zoheir Abdesselam, maître-assistant, chargé de cours à l’université de Batna, a présenté une réflexion sur le contexte politique et social, qui a permis l’apparition des représentations négatives sur les Berbères.

De Khenchela : M. Mouloudj :

Pour lui, les représentations relatives aux Amazighs, dans la société algérienne, “sont souvent le produit des élites”. Son intervention a porté aussi sur le background politique et social qui a permis l’apparition des représentations négatives autour des Amazighs.

Il a cité à titre d’exemple, le fait de dire le Chaoui est têtu, le Kabyle est raciste, le Targui est sécessionniste, le Mozabite est avare, le Chenoui… De son côté M. Ali Sayad, anthropologue et chercheur au CNRPAH, a présenté une communication intitulée : “Propos sur le propos”. Pour M. Sayad, “le rite d’agrégation et d’investiture, la leçon inaugurale réalise symboliquement l’acte de délégation au terme duquel le nouveau maître est accepté à parler avec autorité sa parole s’institue en discours légitime”. Ce qui fait, explique encore M. Sayad que la parole du nouveau maître devient universellement recevable. Expliquant le mythe, M. Sayad estime qu’il est “un récit qui se veut explicatif et fondateur d’une pratique sociale. Il est porté ajoute-t-il, à l’origine, par une tradition orale qui propose une explication pour certains aspects du monde ou de la société qui a forgé ou qui véhicule ce mythe”.

Evoquant “le mythe kabyle et le mythe berbère», M. Sayad estime que ce mythe fut exploité durant la colonisation et jusqu’à la fin des années trente, par les missionnaires chrétiens des populations d’Afrique du Nord, chez qui on faisait, a-t-il souligné une lecture erronée de certains signes, et les façonner de façon à les mener jusqu’à la rencontre de leurs ancêtres Tertullien, Cyprien et Augustin, Pères de l’Eglise. Pour M. Sayad, ce mythe est porté même aujourd’hui, non plus comme mythe “fondateur d’une culture unificatrice», qui recouvre l’ensemble du territoire de l’Afrique du Nord, mais comme “représentation qui contient et engendre le germe des antagonismes”. Mme Bhouri Rafika, maître-assistante à la faculté des lettres et sciences humaines de Sousse en Tunisie, a traité quant à elle, de “la Kahina, fiction, légende et réalité”. Pour Mme Bhouri, la Kahina est un personnage et un mythe très répandu “au Maghreb”. Le personnage de la Kahina est à l’origine, un personnage réel que les historiens n’ont pas manqué à enregistrer les exploits et les défaites, mais sa représentation, estime-t-elle “a été amplifiée, déformée par l’imaginaire collectif”. Plusieurs autres rencontres sont d’ores et déjà prévues dans les prochaines semaines, par le Haut commissariat à l’Amazighité (HCA), sous des thèmes liés, principalement au fait amazigh.

M. M.

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