Née en Ukraine en 1972 de père Algérien et de mère Chypriote, elle a grandi à Oran.
Elle s’essaie quelque temps au métier de journaliste, alors que ses parents progressistes (militants du PAGS) affichent clairement leur position vis-à-vis de l’islamisme naissant.
En janvier 1994 sa famille reçoit une lettre de condamnation à mort du Front Islamique du Djihad Armée (FIDA), une branche du FIS, dont la mission était d’éliminer les intellectuels algériens.
Djemila Benhabib s’exile en France en 1994, puis au Québec en 1997 où elle suit des études de physique, sciences politiques et droit international. Parallèlement elle réalise une série de reportages au Caire, à Beyrouth, à Damas et même en Palestine où elle rencontre Arafat alors assiégé par l’armée israélienne. A propos de son exile: « J’étais coupable d’être une femme, féministe et laïque » Actuellement elle travaille pour le gouvernement canadien.
En écrivant « Ma vie à contre-coran », un pamphlet anti-islamiste, Djemila a fait preuve d’un courage et d’une audace qui forcent l’admiration et le respect. Elle y dresse un réquisitoire sans vergogne contre « Les fous de Dieu », et alerte l’opinion sur la menace islamiste dans le monde. Publié en 2008 au Québec, son livre vient d’être réédité en Algérie par les éditions Koukou. Elle était ce samedi 23 octobre à Alger et le lundi à Tizi Ouzou pour dédicacer son œuvre.
Djemila parle dans un premier temps de ce qu’elle a vu et vécu en Algérie. « Des gamins avec lesquels j’ai partagé les bancs d’école sont devenus des assassins….L’école Algérienne est une usine à fabriquer des mutants… » Elle explique comment les islamistes ont pris en otage un pays, et imposer de nouveaux codes de conduite, instaurant la terreur. Tout comme ces groupes ont réussi à contrôler même les populations émigrées, jusqu’à créer une société dans une autre, qui n’obéit qu’à ses propres règles (la charia). Parlant de l’Algérie toujours, elle écrit notamment « Cette expérience unique et universelle, montre comment une idéologie jalonnée de mépris pour la pensée et la vie humaine, s’est frayé un chemin dans un pays qui a failli s’affranchir et qui s’est finalement perdu en cours de route » Elle ne va pas avec le dos de la cuillère pour s’attaquer aux islamistes. « Les islamistes rendent les femmes coupables de leurs désirs, de leurs misères sexuelles. Ce sont des malades du sexe. La haine et la soumission de la femme cristallisent leurs désirs ». A propos des prédicateurs islamistes, légitimés par de politiciens en les considérant comme intermédiaires valables, elle écrit « Ce sont des escrocs, des charlatans, des menteurs, des manipulateurs, hypocrites, rien de plus » S’exprimant sur le voile islamique elle écrit : « Non seulement le voile est un apartheid sexuel, mais un linceul…Il est la soumission forcée ou acceptée de la femme à un programme d’oppression… ».
Par ailleurs, Djemila met en garde l’occident contre les percées de cette idéologie dans ces pays Elle s’élève contre la complaisance des pouvoirs publiques en France notamment, surtout de la gauche et des associations dites progressistes à l’égard des islamistes, sous prétexte d’ouverture, de tolérance et de respect des cultures. Elle reproche à la gauche d’ouvrir les bras à Tarek Ramadan, pour se pavaner de ville en ville, de plateau de TV en plateau de TV, et de cracher sur les valeurs de la République. Elle décortique la stratégie de conquêtes des islamistes dans les banlieues françaises notamment. « Les dérogations pour motifs religieux nuisent aux valeurs fondamentales de notre société (occidentale). Elles accentuent l’emprise des religieux sur la vie publique… » Djemila est plus virulente que la droite européenne, elle assimile l’islamisme à la barbarie.
Invitée à intervenir dans le débat sur la burqa, elle a écrit une longue lettre lue au sénat français le 13 novembre dernier. Elle y écrit entre autre « Alors que dans les rues de Téhéran et de Khartoum des femmes se découvrent de plus en plus au péril de leur vie, dans les territoires perdus de la République Française le voile est devenu la norme. Que se passe t-il ? La France est-elle devenue malade ? …Le voile islamique est l’emblème de l’intégrisme musulman partout dans le monde. Au lieu d’élargir la loi 2004 sur le port du voile à l’école, aux universités, nous débattons sur les possibilités de laisser déambuler dans nos rues des cercueils (burqa). Demain peut-être que ce sera la polygamie qui sera à l’ordre du jour ? …Rappelez-vous une chose : lorsque la religion envahit l’espace public, nous ne sommes plus dans le repaire de la raison et de la rationalité si chères aux Lumières. Il n’y a plus de place pour la littérature, le cinéma, le théâtre la musique les avancées scientifiques, la peinture, la danse, bref la vie tout simplement »… « L’islamisme politique n’est pas l’expression d’une spécificité culturelle comme on le prétend. C’est une affaire politique, une menace collective qui s’attaque au fondement même de la démocratie, en faisant la promotion d’une idéologie violente, sexiste, misogyne, raciste et homophobe. L’islamisme politique n’est pas soluble dans la démocratie….sans la laïcité aucune perspective démocratique n’est possible, c’est le seul cadre politique possible qui permet aux citoyens d’apporter les solutions… ». Pour en revenir au livre, tout en mettant le doigt sur la menace islamiste et intégriste en général qui pèse sur le monde, Djemila montre le prix à payer pour la liberté au point de déclencher la polémique et la colère des sphères islamistes l’accusant d’islamophobie. D’autres au Canada notamment n’hésitent pas à parler de paranoïa, séquelle de ce qu’elle a vécu à Oran. Le livre est pourtant un réquisitoire contre l’islamisme radical et politique: « J’ai écris ce livre pour qu’on sache ce qu’est l’islamisme politique, une idéologie de mort qu’on veut nous imposer » Pour étayer ses craintes elle rapporte entre autre un souvenir fort douloureux pour elle. Celui d’un professeur de 50 ans qui raccompagnait sa fille de 17 ans au lycée. « Un jeune gars est apparu de nulle part, il a pointé son fusil sur sa tempe et a tiré. Sa tête a éclaté on pouvait voir son cerveau sur le trottoir. C’était en plein jour, à l’entrée du lycée. Ce gars qui venait de tuer, j’ai joué aux billes avec lui quand j’étais toute petite ». On comprend mieux ses sentiments à l’égard des islamistes. Face aux menaces Djemila reste impassible « Ma tête je la veux libre et sans tabous ».
Source: Site Internet de Djemila Benhabib