Bgayet / L’économie locale à la merci de la contrefaçon

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Un revendeur de pièces de rechange d’El Kseur nous relatera le cas des vrais-faux pneumatiques dont la contrefaçon porte sur la sculpture de la bande de roulement. L’illusion sème le doute dans l’esprit de l’acheteur qui n’arrive plus à faire le distinguo entre apparence et performance.

Le fléau de la contrefaçon ou produits “Taiwan», pour reprendre un vocable en vogue dans le jargon populaire, se propage de manière effarente dans le marché de la wilaya de Bgayet. Une emprise tentaculaire qui ne semble épargner aucun secteur d’activité dans une économie, il est vrai, vulnérable à souhait et, par conséquent, inapte à s’immuniser contre la contagion. Dans ce marché de dupes, le consommateur, dernier maillon de la chaine, campe le rôle peu enviable de dindon de la farce et fait figure d’éternelle victime.

Assertions et témoignages livrés par experts, opérateurs économiques et citoyens réunis, tendent à accréditer la thèse selon laquelle l’écrasante majorité de la marchandise contrefaite est introduite frauduleusement à partir de pays étrangers où sévissent les réseaux de faussaires dont l’irréfragable collusion avec les milieux maffieux ne fait que potentialiser le danger de cette pratique, rendant son contrôle des plus aléatoires. « Plus de 80% des pièces de rechange automobile sont contrefaites. L’imitation frise la perfection, à tel enseigne qu’il est pratiquement impossible pour le consommateur fut-il des plus avertis, de s’en rendre compte », relate un mécanicien de la région d’Akbou. « Les contrefacteurs imitent de préférence les articles de grande marque car ce sont les produits les plus prisés. Les prix pratiqués sont généralement inferieurs à ceux des produits d’origine », nous révèle un autre mécano établi dans une ville de la Haute Soummam, confirmant qu’il est loin d’être évident, même pour un œil expert, de distinguer les produits d’origine des pièces en toc.

Un revendeur de pièces de rechange d’El Kseur nous relatera le cas des vrais-faux pneumatiques dont la contrefaçon porte sur la sculpture de la bande de roulement. L’illusion sème le doute dans l’esprit de l’acheteur qui n’arrive plus à faire le distinguo entre apparence et performance. Les pneus touchés par ce mimétisme perdent en adhérence et en durabilité et exposent les usagers de la route à un danger certain. Le plus souvent, nous confie-t-on, les produits qui inondent le marché local ne portent aucune empreinte du fabricant, ce qui rend d’autant plus ardue la mise en évidence de leur traçabilité.

Autre exemple montant en épingle la supercherie et son caractère délétère pour la santé du consommateur : les équipements sanitaires, notamment la robinetterie. Dans ce domaine, le matériau utilisé est généralement le laiton. Les faussaires, eux, se servent du Zamac, un matériau prohibé à cause de sa toxicité avérée. Un film de chrome en guise d’habillage confère du clinquant au produit fini. Emballez, c’est pesé. Le crime est presque parfait ! « Nos entreprises doivent, avec le concours des pouvoirs publics, apprendre à défendre leur outil de production en investissant dans la formation d’inspecteurs et de contrôleurs », préconise le gérant d’une SARL de Taharacht qui ne manque pas, par ailleurs, de mettre l’index sur le flottement juridique et une réglementation tatillonne cadrant mal avec les enjeux économiques de l’heure.

Dans pareil environnement perclus de pesanteurs de toutes natures, les contrefacteurs auront beau jeu de donner l’estocade à l’appareil économique et, l’absence d’une tradition consumériste aidant, à mettre en péril la santé du consommateur.

N. Maouche

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