Bgayet : Ces malades qui nous guérissent

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Ces  » Chouafates  » n’hésitent pas à sillonner les villages les plus lointains pour faire leur besogne. L’autre catégorie, s’occupe de l’exorcisme par le fouet, les flammes pour chasser le démon du corps d’un « possédé ».

Les marchés hebdomadaires de la wilaya de Bgayet, connaissent une prolifération de guérisseurs et de charlatans. Ces guérisseurs viennent, souvent, des autres wilayas et surtout de l’ouest et du sud algérien. Beaucoup de marchés hebdomadaires à l’instar d’ Amizour, Sidi-Aïch, Ighzer-Amokrane, Akbou et Tazmalt, abritent des pratiques d’un autre âge.

Les charlatans s’expriment devant les foules à l’aide de haut-parleurs et se réfèrent toujours à la religion, dans leurs discours, pour convaincre les gens. Certains de ces  » magiciens  » exposent des trucs bizarres tels que des plantes sahariennes, de vieux outils agricoles, des peaux d’animaux sauvages et bien d’autres choses qui attirent les curieux. Entourés d’un monde fou, ces personnes s’adonnent à des gestes qui nous font penser au monde d’Ali Baba et des merveilles des temps lointains.

« Ce sont des personnes qui nous viennent des contes. C’est vraiment inconcevable de donner la liberté à ces malades qui profitent de la naïveté de certaines gens. Au moment où les autres pays s’investissement pleinement dans le développement technologique, nous faisons, de plus en plus, des pas en arrière », nous dit un jeune universitaire, avec un grand sourire. Exorcisme, prédiction,  » rokia « , sorcellerie, sont les pratiques de ces  » toubibs  » qui marquent leur forte présence en Basse Kabylie. Ces charlatans se scindent en groupes spécifiques, chacun à sa propre spécialité. Les femmes s’occupent de la prédiction du présent et de l’avenir. Elles profitent de la faiblesse de certaines personnes pour se faire de l’argent.

Ces  » Chouafates  » n’hésitent pas à sillonner les villages les plus lointains pour faire leur besogne. L’autre catégorie, s’occupe de l’exorcisme par le fouet, les flammes pour chasser le démon du corps d’un « possédé ». Ce sont de véritables séances de tortures qu’on fait subir aux malheureux malades. Le tortionnaire se fait aider, parfois, par les parents du malade et malheur si ce malade a une robuste constitution physique, il se fait carrément ligoté comme un saucisson. Il demeure immobile pendant qu’on lui brûle le corps. D’autres guérisseurs, souvent des barbus, s’adonnent à la  » roqia « , qui consiste à préparer de l’eau en lisant des versets du Coran. Pour les guérisseurs, cette eau devient miraculeuse et guérit toutes les maladies physiques et psychiques. Pour eux, on peut même ne plus avoir recours à la médecine. Jouissant d’une liberté totale, ces guérisseurs imposent leurs lois dans les marchés et ailleurs.

Ali Remzi

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