A elle seule, la région d’Ath Maouche compte 1014 Chahid et des sacrifices qui n’ont d’égal que la bravoure et le patriotisme des hommes et des femmes qui, au péril de leurs vies, ont combattu et défié une armée française fort redoutable en hommes et en logistique. Dans un livre de témoignage rédigé par Chaad Smail, un ancien combattant de l’ALN, qui vient de paraître aux Editions Belles-Lettres, l’auteur octroie la part belle à l’Histoire de sa région, et ses hauts faits d’armes qui ont émaillé ses longues années de braise. Intitulé «Résistance, Mémoire (1954-1962) d’Ath Maouche et son Devenir», cet ouvrage de quelques 200 pages, rédigé en langue arabe et en langue française, déroule une longue chronique faite de combats, d’un chapelet de batailles, et d’une série d’embuscades, rehaussés par des témoignages d’acteurs encore vivants de nos jours, mêlés aux souvenirs de l’auteur : « témoigner est un devoir», écrit-il en avant propos. Si bien qu’en préambule, le lecteur découvre la présentation géographique et administrative d’Ath Maouche, une région située sur les hauteurs de Seddouk, à la jonction entre les wilayas de Bgayet et Sétif, il pénètre sitôt dans le feuilleton des atrocités de la Guerre. A chaque date ; un événement, à chaque événement ; ses hommes. Par cet ouvrage limpide et concis, cet ancien combattant du village Aguemoun inaugure une voie et donne le là pour que de nouvelles plumes se mettent à la page et figent une Histoire glorieuse. Loin des feux de la rampe, oublié de l’Etat et du système, l’héroïsme des Ath Maouche a été déjà salué par les Boudiaf, Aït Ahmed, Krim et autre Si Hamimi, lors d’une visite à la région le 17 juin 1962 ; la photo est restée dans les mémoires et orne désormais la couverture de l’ouvrage. Témoignages, documents, photos des lieux et des révolutionnaires, bref, l’ouvrage de Chaaf Smail est un condensé qui restitue une grande page d’une glorieuse histoire mise à profit des jeunes et des adultes ; pour que nul n’oublie la grandeur du sacrifice, le haut patriotisme des combattants et l’atrocité du colonialisme. Comme son frère Tahar, un officier de l’ALN, mort au combat, Chaâf Smail a voué son printemps à la libération du pays. Actuellement, oubliée la mitrailleuse, il reprend la plume pour transmettre le flambeau, pour ne pas castrer la région de sa mémoire… Toujours, pour une Algérie meilleure ! Les derniers chapitres, eux, ont été mis à profit de la situation de la jeunesse prise entre les mâchoires de la misère et du chômage. Terre agricole (elle est célèbre pour ses figuiers auxquels elle rend annuellement hommage) et un potentiel touristique immense, Ath Maouche est néanmoins un territoire pauvre. Pour en finir avec la crise qui malmène son patelin, l’auteur préconise in fine : «l’exploitation des ressources minérales et les matières premières débouchera automatiquement sur quelques voies ou secteur industriel original et adéquat». Sur ce, il est inutile de souligner que Chaâf Smail est de la veine des grands patriotes !
Tarik Djerroud