Bouira Foire du miel : Les apiculteurs… butinent

Partager

En 2004, la wilaya de Bouira avait en tout et pour tout à travers son territoire près de 11 000 ruches, soit une production de 160 kilos de miel. C’est toutefois, ce que nous affirme M. Morsli Rachid, directeur des services agricoles, rencontré hier matin, lors de l’ouverture de la foire au miel, qui se tiendra jusqu’au 31 décembre.

Une foire organisée par l’Association des apiculteurs de Bouira, qui a décidé de promouvoir le miel de la région. Aujourd’hui, selon des explications fournies, la wilaya de Bouira produit 389 000 quintaux de miel, un record pour les services de la DSA, qui s’estiment satisfaits par ce rendement. Une récolte de près de 400 000 quintaux comparativement à d’autres wilayas limitrophes où il existe des zones mellifères importantes et un rendement assez conséquent. Cependant, avec cette production exceptionnelle, le problème de la mévente et du prix du miel est tout aussi important. “Garantir la sécurité alimentaire telle que consignée dans le contrat de performance est certes, un acquis et nous pouvons prétendre à répondre aux besoins de la population locale. La stratégie de la nouvelle politique est le renouveau donc nous sommes en train de recentrer tous les mécanismes dans le cadre du renouveau de l’économie agricole d’une manière générale. Les objectifs sont fixés et nous devons les atteindre par des actions qu’il faut mettre en œuvre.’’ Aujourd’hui, c’est chose faite car c’est le producteur, qui s’initie pour mettre son produit en vente. Pour la première fois, les exposants sont les initiateurs de cette foire-expo, et ce sont à eux qu’est revenu le choix de la durée de cette manifestation. M. Talli, président de l’Association des apiculteurs de la wilaya de Bouira mettra en exergue, le fait que certains producteurs qui sont aujourd’hui présents à cette manifestation ont produit une tonne et plus, c’est-à-dire 10 quintaux par producteur. “Nous avons fait des réunions à Alger, dont la dernière au début du mois de décembre, pour créer un groupement d’apiculteurs afin de pouvoir exporter nos produits. Une exportation qui dans un premier temps, touchera les pays d’Afrique, le Cameroun notamment, et le Moyen-Orient. Il y a un groupement qui s’est créé au niveau national encadré par des conseillers français. Le miel produit à travers les différents ruchers de la wilaya de Bouira et un miel de qualité à 100% et les nombreuses analyses réalisées par les Instituts nationaux ont eu à le confirmer.’’ Il existe selon notre interlocuteur plusieurs miels de haute qualité : le miel d’eucalyptus et le miel de forêts. Il y a aussi le miel de romarin qui se récolte fin janvier début février, mais en petite quantité. Au niveau de l’Association des apiculteurs professionnels de la wilaya de Bouira, on déplore également, les maladies qui dévastent les ruchers. Entre autres, le varois, une maladie qui se traite mais qui a un coût, mais aussi et là beaucoup plus grave, la loque française et la loque américaine, qui font des ravages parmi les essaims d’abeilles. Devant la loque, le seul remède c’est de brûler la ruche, pour éviter toute propagation. C’est un remède que beaucoup d’apiculteurs refusent, car ils n’admettent pas cette unique solution d’autant plus que les assureurs refusent de rembourser. “Le vol est remboursé au cas par cas, mais les ruchers victimes d’incendies ne sont pas remboursé car s’agissant d’actes criminels», nous affirmera un apiculteur de la région. Et pourtant chaque année, nombreux sont les ruchers à proximité des maquis, qui partent en fumée, et c’est là une perte sèche, pour les apiculteurs dont un parmi eux, qui nous dira avoir perdu 150 ruches lors d’un incendie, et ce en une seule saison. Son seul tort était d’avoir son rucher non loin d’une forêt. Pour M. Mekaouche des services de la DSA, il ne faut pas faire du tort au miel en faisant croire à des vertus curatives ou autres : “Le miel est un produit noble certes, mais nous cherchons à ce qu’il devienne un aliment de tous les jours présent en quantités suffisantes, dans tous les foyers. Pas seulement, avoir un petit flacon de miel comme potion magique contre la toux, mais en disposer largement comme en Europe où des familles entières déjeunent avec, chaque matin.’’ Pour ce responsable des services agricoles, il faut avant tout produire au maximum pour que le prix baisse : “Une production sans cesse croissante permettra une baisse des prix du miel, mais il demeure toutefois, que le marché est inexistant car nous n’avons pas une habitude de consommation de ce produit. Il demeure toujours en retrait car considéré comme un produit de luxe.’’ A propos des prix exorbitants pratiqués sur le miel, notre interlocuteur explique cet état de fait par deux facteurs : la faible production et l’habitude des Algériens, qui ne consomment pas du miel. “ Il est impératif de multiplier ce genre de manifestation comme aujourd’hui, pour faire savoir que le miel est très bon pour la santé mais qu’il s’agit d’un aliment avant tout.” En abordant les tarifs jugés excessifs avec M. Talli, le président de l’Association des apiculteurs professionnels de Bouira, ce dernier nous apprend que son miel ne se vendait pas lorsqu’il était à 1 500 dinars le litre. “Lorsque je pratiquais des prix bas, les consommateurs pensaient que c’était du miel de mauvaise qualité mais depuis que les prix ont augmenté mon produit s’écoule plus facilement.’’ Un peu comme si le prix était un gage de qualité en Algérie car de nombreux apiculteurs continuent à tarifier le miel dans une fourchette variant entre 3 500 et 4 000 dinars le litre. Ces dernières années pourtant les producteurs de miel ont dû revoir leurs prix à la hausse notamment, avec les saisons de sécheresse comme nous l’explique un apiculteur : “Le rendement par ruches est de 18 kilos par saison, auparavant dans une saison correcte nous récoltions entre 25 et 30 kilos comme en Europe. Aujourd’hui de nombreux apiculteurs récoltent seulement entre 7 à 10 kilos avec la sécheresse et aussi avec le vent du Sud. Lorsque le sirocco sévit les abeilles consomment l’intégralité de leurs productions en 24 heures et si l’apiculteur n’est pas vigilant, dès que les températures atteignent les 40 degrés, il faut récolter le miel. Ainsi cette association d’apiculteurs qui a recensé près de 800 apiculteurs à travers la wilaya de Bouira compte mettre les bouchées doubles pour les convaincre d’y adhérer massivement. En 2010, seulement, 300 adhérents composent cette association qui est liée à la Chambre de commerce de la wilaya.

Hafidh Bessaoudi

Partager