Dans le cadre de la promotion de son nouvel album ô Houria, sorti en novembre dernier et déjà nominé aux victoires de la musique dans la catégorie Album musique du monde, Souad Massi, en pleine vitesse de croisière, est en tournée depuis quelque temps.
Vendredi passé la cantatrice innovatrice de la musique folk orientale a fait une escale à la Cigale, une salle des plus prestigieuses à Paris, en donnant un concert de cœur, comme d’habitude… Souad Massi entre sur scène, sous un tonnerre d’applaudissements et de sifflements, dans une tenue simple et décontractée, un bleu jean et un chemisier blanc. Elle aime à être simple et c’est cette simplicité qui fait son élégance, que ce soit sur scène ou en dehors. «Merci d’être là et aussi nombreux. C’est grâce à vous qu’on continue à chanter aujourd’hui», s’adresse t-elle à son public avec un sourire pudique. Elle apprécie beaucoup quand le public répond présent; elle est habituée maintenant à voir des foules de plus en plus nombreuses en face. La production Blue Line a du opter pour un plan B, en rajoutant des places, même debout, pour satisfaire tous les fans de Souad Massi, venus en masse sur le boulevard Rochechouart au 18è arrondissement de Paris. La salle La cigale était pleine comme un œuf, mais l‘ambiance conviviale nous a fait oublié qu‘on était debout. Souad, toujours heureuse et à l’aise sur l’estrade, s’est donnée à fond sur scène, entourée par ses musiciens menés par Rabah Khalfa aux percussions, Jean François Keller aux guitares acoustique et électrique. Avant d’interpréter sa nouvelle chanson ô houria, elle cite le grand philosophe berbère du moyen âge Ibn Khaldoun dans l’une de ses citations célèbres sur les états non éternels. A chaque refrain, la chanteuse à la voix d’or, la passionnée de la guitare, est acclamée par son public désormais averti et qui connaît par cœur son répertoire: Raoui, Yemma nekdeb aalik, Mesk Ellil, Ya ssi Hmed, passe le temps, Noir et blanc, y compris les nouvelles chansons, scandées en chœur durant deux heures. C’est un concert plein de sensations artistiques et humaines que Souad Massi nous a livré avec une musique douce et limpide qui ne laisse pas indifférent à son appel.
Souad Massi, révélée au public il y a dix ans, est une artiste phare de la nouvelle scène algérienne, elle prend la relève et l’assume très bien, car, toujours égale à elle-même, elle véhicule à la fois un genre musical atypique et un combat féministe sans relâche mais sans animosité c’est à dire tout en restant féminine, pétillante et élégante sur scène. Dans sa musique elle mêle, subtilement, les traditions musicales arabo-andalouses aux accents pop et blues anglo-saxons, inventer un folk oriental épuré et unique, servi par les harmonies délicates de sa voix douce et colorée. Sur le plan thématique, Souad est une poétesse engagée, elle compose dans tous les sens et traite de tous les thèmes qui touchent l’actualité. Très cultivée, ayant accès aux trois langues, Berbère, Arabe algérien et Français, la jeune femme compose, dans les trois, des textes militants et profondément humanistes, chose qui fait élargir son public, vraiment cosmopolite ce vendredi à La Cigale. Ce nouvel opus vient se rajouter aux trois autres dont, Raoui 2001, Mesk Ellil 2005 récompensé par une victoire de la musique en 2006 et Tout reste à faire 2010. Il s’inscrit fidèlement dans le même style avec plus de recherche musicale et thématique et, bien sur, avec plus de douceur et d’émotion. La tournée de Souad Massi continue en France, en Europe et dans le monde, avec des dates phares comme Roubaix le 18 Février, Marseille le 17 Mars, Lisbonne le 28 Mars, Prague le 11 Juin, Luxembourg le 06 Octobre…
De Paris, Djillali Djerdi