La Dépêche de Kabylie : Quel bilan faites-vous de la 2e édition des Raconte-Arts tenue à Ath Yenni cet été ?El Hacène Metref : Il est globalement positif. Cette semaine va à coup sûr laisser des traces pour longtemps. L’organisation est loin d’être parfaite même si nous avons assuré l’essentiel. Il reste à construire une équipe. D’ailleurs, je tiens à remercier toutes les personnes qui ont joué un rôle dans cette aventure car c’en est une. Le fait de maintenir cette activité, pratiquement sans le sou, relève de la gageure. Nous sommes fiers d’avoir réussi à organiser une rencontre internationale (20 participants de France et 1 d’Espagne). Nous espérons plus d’égards de la part des pourvoyeurs de fonds. Raconte-Arts a fait dans l’innovation: spectacles de rue, lectures croisées et autre lecture-spectacle et a présenté d’autres activités plus classiques (cinéma, conférences, expositions, ateliers…) qui étaient franchement de haute facture. Le public merveilleux des Ath Yanni s’est régalé, c’est le moins qu’on puisse dire.
Comment réussissez-vous à convaincre des invités de marque alors que votre festival n’est pas encore bien connu ? ll Les intellectuels en général et les artistes en particulier sont des personnes d’une grande sensibilité. Ils aiment qu’on les apprécie et qu’on respecte ce qu’ils font. Je suis personnellement quelqu’un de très respectueux et je m’imprègne de leur travail;en retour, ils me le rendent bien en répondant toujours présents à mes rendez-vous. Au fil des années et à force de travailler avec la plupart d’entre eux, nous sommes devenus de bons amis. Pour répondre à votre question et s’il fallait donner une recette, je dirais que les invités de marque sont sensibles à l’engagement, l’efficacité et la pérennité de l’action. En réunissant ces trois critères vous êtes sûrs de convaincre les plus réticents d’entre eux. Le tout est une question de crédibilité!
Vous avez initié de nombreux projets culturels et artistiques en France, parlez-nous en ? ll Effectivement, depuis 1996, j’ai initié de nombreux projets et participé à plusieurs manifestations en France et deux en Italie. Je ne peux énumérer ici toutes ces actions. Par contre, je peux parler de trois temps forts avec la MJC de Valentigney:Algérie, Elans d’espoir, en 1999, Semaine de la poésie algérienne, Mots pour maux, en 2001, Visages et défis d’Algérie, en 2003. Pour ces trois semaines qui se sont déroulées, à chaque fois, simultanément sur plusieurs villes de Franche Comté, dont Belfort, Montbéliard et Sochaux, j’ai invité de grands artistes et intellectuels algériens. Je peux vous dire que nous avons représenté dignement notre pays, au moment où son image était ternie par la violence.
Qu’en est-il de la fête de la poterie de Maatkas dont vous étiez l’initiateur ? ll Je l’ai initiée en 1992 quand j’étais directeur du Centre culturel de Maâtkas. Avec l’apport des associations Tafrara, Tafsut et Tigejdit nous en avons fait un évènement national. Malheureusement aujourd’hui, c’est l’histoire d’un grand gâchis. Neuf années d’investissement sont en train de partir en fumée. Tout le reste est littérature.
Pourquoi le Festival de Théâtre d’Ath Yanni n’a pas eu lieu cette année? ll C’’est un problème d’usure. L’ancienne équipe organisatrice dont je fais partie est blasée par l’indifférence des pouvoirs publics. Les jeunes qui ont pris le relais n’ont peut-être pas l’expérience requise pour gérer un festival qui a eu ses lettres de noblesse. Ceci dit, je suis optimiste et convaincu que le festival reprendra certainement dans les années à venir.
Entretien réalisé par Aomar Mohellebi