L’autre réconciliation

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La visite que s’apprête à faire le président de la République dans la wilaya de Tizi Ouzou le 19 septembre prochain pourrait réellement sceller une nouvelle relation entre la Kabylie et l’Etat. Car, qu’on se l’avoue une bonne fois pour toutes, le nœud gordien de la crise — latente ou ouverte — qui maintient cette région dans une attitude de défiance vis-à-vis des institutions de I’Etat algérien depuis l’indépendance réside précisément à ce niveau-là. Cette visite, disions-nous, pourrait être à l’origine d’une nouvelle relation si les circonstances et les mobiles qui l’entourent avaient été autres. En effet, rien que sur le plan de la forme, ce déplacement risque de prendre les allures des « marches spontanées”, initiées sous le règne du président Zeroual. Les wilayas limitrophes qui sont appelées à assister à cette manifestation, qui se déroulera au stade du 1er-Novembre à Tizi Ouzou, sont mobilisées. On a puisé dans les personnels de l’administration publique, les organisations socioprofessionnelles et les associations satellites ! sans oublier bien sûr, les notabilités et certaines personnalités liges, pour envoyer des « contingents » écouter le Président et applaudir la Charte pour la paix et la réconciliation nationale.Nous savons que le même procédé a été employé à Sétif, Oran, Chlef,… Mais, dans le cas particulier de la Kabylie, l’opinion et les populations sont en attente d’un nouveau type de communication basée sur la sincérité et la vérité qui feraient table rase des malentendus historiques et des méfiances dommageables pour la cohésion nationale et le développement de la région. Le saut vers un marketing communicationnel d’un nouveau genre — qui excluerait les manœuvres politiciennes et les méthodes ringardes de l’agit-prop — devraient permettre aux protagonistes de la crise de Kabylie de se regarder les yeux dans les yeux pour décider d’un avenir plus harmonieux qui puisse transcender les aléas hérités d’une histoire tourmentée.En d’autres termes, la Kabylie, en plus de la charte dont les mesures pratiques auraient du être mieux balisées par un échéancier d’application, est en attente d’une autre réconciliation, celle qui reconnaîtrait ses spécificités, ses potentialités et ses énergies créatrices dans un ensemble national dégagé de son jacobinisme de mauvais aloi et des suspicion destructrice.Cette réconciliation est possible et nécessaire d’autant plus que le gouvernement a déjà fait un bout de chemin dans ce sens en se mettant à table avec les représentants du Mouvement citoyen de Kabylie. La première mesure qui en est ressortie — à savoir l’organisation d’élections locales partielles — ne doit évidemment pas porter ombrage au grand chantier des mesures et des actions que l’Exécutif est tenu d’engager dans la région pour panser les plaies et relancer la dynamique de développement dans la région.En tout cas, et dans la conjoncture actuelle où des échéances importantes sont soumises au verdict du peuple, il ne dépend que du Président de vouloir inaugurer — outre les inaugurations protocolaires — une ère nouvelle dans la région.

Amar Naït Messaoud

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