À quelque douze kilomètres du chef-lieu de la commune de Dirah, la localité de Zeboudja occupe la pénéplaine du pied du mont Sakhra. Dans différents vallons de Oued Benayed, y compris celui qui porte le nom de Zeboudja, sont
disséminées une trentaine d’habitations. La famille des Boubakeur occupe la plus grande partie des terres attenantes à cette bourgade.
Dans ce milieu originellement semi désertique, où le seul couvert végétal est celui propre aux zones steppiques, un autre environnement est en train de s’installer à la faveur des programmes de développement rural menés par les pouvoirs publics depuis une dizaine d’années. C’est ainsi que d’anciennes terres de parcours, squelettiques et à faible valeur fourragère, ont été transformées en oliveraies luxuriantes. Celle des Boubakeur, réalisée en partie sur financement FNRDA et en partie dans le cadre du PER 2, a fait l’objet de plusieurs visites des autorités de la wilaya et même du ministre de l’Agriculture et du développement rural. Les responsables du secteur sont satisfaits des résultats du processus de reconversion de la céréaliculture en arboriculture. Sur des dizaines d’hectares, l’olivier est devenu ‘’maître des lieux’’. Il faut dire que, au cours des premiers essais, les choses ne se présentaient pas avec une telle évidence. En effet, cette zone écologique ciblée par les programmes de développement rural relève de l’étage bioclimatique semi-aride où la pluviométrie ne dépasse pas les 250 mm par an. De ce fait, les arrosages d’appoint, particulièrement pendant les journées caniculaires de juillet et août s’avèrent nécessaires.
Des forages ont été pratiqués par certains foyers pour suppléer au déficit pluviométrique. Lors de notre passage dans la région, nous avons visité une installation hydraulique faite d’un forage équipée d’une motopompe, d’un bassin d’accumulation de 50 mètres cubes et d’une rampe d’irrigation en goutte-à-goutte. Le propriétaire a fait cette saison sa récolte d’olives sur des arbres qui ont cinq ans d’âge. Le problème qui se pose pour le propriétaire- et qu’il a eu à exposer au wali de Bouira, venu en visite sur les lieux en novembre dernier-, c’est la qualité des eaux récupérées du forage. Nous avons constaté que cette eau est chaude et sulfureuse. Elle laisse des dépôts jaunâtres dans les cuvettes des oliviers irrigués. Une odeur suffocante de souffre et de la vapeur se dégage du bassin d’accumulation. Il s’agirait probablement d’une source thermale non résurgente. L’exploitant agricole craint pour le devenir de son verger, du fait d’une qualité peu sûre des eaux d’irrigation. En outre, il ne dispose pas de l’énergie électrique, les poteaux desservant le hameau sont situés à quelque 500 mètres de l’exploitation. C’est pourquoi, il a recours à un groupe électrogène pour tirer l’eau du forage. De même, le propriétaire a bénéficié d’une habitation rurale sur les lieux même de son activité agricole. Mais, pour l’instant, il ne peut pas l’habiter faute de raccordement au réseau électrique. En dehors de ces quelques retards que les autorités locales promettent de rattraper dans les prochains programmes, la zone de Zeboudja paraît comme une oasis de verdure dans un milieu qui, à première vue, ne s’y prêterait pas. Après les premières expériences réussies dans l’introduction de l’arboriculture- à côté de l’olivier prédominant, y sont aussi cultivés l’abricotier, poirier, pommier, grenadier-, d’autres exploitants ont demandé et obtenu des aides dans ce sens. Cependant, depuis que les plants ont commencé à grandir et leur branches à s’enchevêtrer, apparaît un autre problème lié aux soins à prodiguer aux vergers. Les paysans de la région étant d’anciens céréaliers ou éleveurs d’ovins, ils n’ont pas de connaissances dans la taille et les soins phytosanitaires des arbres. C’est pourquoi, des séances de démonstration sont organisées à leur intention par des organismes de vulgarisation. L’année passée, c’était l’Institut technique de l’arboriculture fruitière (ITAF), qui a organisé sur les lieux des séances de démonstration sur la taille de l’olivier, et ce, en collaboration avec l’Institut national de recherche agricole (INRA). En outre, les exploitants locaux se plaignent de la non disponibilité d’une huilerie dans la région. Pour presser leurs olives, ils sont obligés de se déplacer au nord de la wilaya de Bouira (Haizer, Oued El Berdi, M’Chedallah), au moment où les huileries de ces régions arrivent difficilement à satisfaire la demande locale. Un agriculteur de la tribu des Boubakeur a sollicité auprès des services agricoles une subvention pour l’acquisition d’une huilerie à Zeboudja même. Il mise beaucoup sur ce projet pour prendre en charge aussi bien sa production que la production de ses voisins oléiculteurs.
Amar Naït Messaoud

