Des ordures … à gogo !

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les travaux de réalisation d’un centre de tri des déchets ménagers pour la ville de Tizi-ouzou, situé à l’intérieur du centre d’enfouissement de Oued Falli, ont atteint les 60 pour cent, selon le directeur de l’environnement de la wilaya. Il s’agit d’un projet dont la première tranche a nécessité un investissement de 150 millions de dinars, a-t-il précisé.

Le projet vise à valoriser les déchets comme un sous-produit et créer des emplois verts. ‘’Pourquoi enfouir du plastique ou du papier qui risque de réduire la durée de vie du CET alors que l’option de recyclage est meilleure?’’, s’est interrogé le responsable du secteur de l’environnement.

Le constat est effrayant. Le spectacle de détritus et d’ordures qui envahissent tout azimuts nos villes et nos campagnes est indiscutable. Il n’y a pas un trottoir dans la ville qui scintillerait de propreté. Même les environs, voire les abords de nos institutions sont gagnés, peut-être à un degré moindre, par des détritus faits de sachets, de bouteilles d’eau minérales vides et autres objets hétéroclites.

Les endroits les plus indiqués pour qu’ils soient propres, parce que nous y achetons notre nourriture, c’est-à-dire les marchés, sont si sales qu’il est à se demander comment des épidémies ne se produisent pas.

Les marchés baignent dans l’anarchie. Ils envahissent les rues, les trottoirs et les espaces verts. Les commerçants vendent une quantité de leurs produits aux clients et rejettent, derrière eux, des déchets (cartons, fruits et légumes pourris). Les ordures ménagères s’amoncellent dans des poubelles tout au long de la journée, résultat du manque de civisme du citoyen qui refuse d’observer un horaire raisonnable, commun à tous et régulier pour jeter ses ordures. Chacun jette les siennes quand il veut, alors que les services de voieries ne passent qu’une fois les 24 heures, et généralement la nuit.

Des ordures en attente dans les cages d’escaliers

Une nouvelle pratique est même née depuis quelques temps dans les immeubles. Des gens placent carrément les sachets contenant leurs ordures devant leurs portes, dans l’intention de les déposer plus tard dans les poubelles du quartier. Mimétisme aidant, presque tous suivent le mauvais exemple sans remarquer qu’ils finissent pas transformer les cages d’escaliers, leurs cages d’escaliers, en décharges … intermédiaires.

Autre phénomène : des meutes de chiens sillonnent les rues en toute quiétude notamment la nuit et au petit matin, comme nous l’avons constaté dans la ville de Tizi-ouzou depuis des semaines, passant devant des citoyens apeurés. Le risque est grand. Etre mordu mène généralement à un traitement antirabique pour ne pas risquer la rage qui tue au bout de 15 jours. Les structures publiques chargées de prévenir ce risque ne réagissent pas visiblement. Faut-il nommer chacun par son nom pour l’amener à faire le travail pour lequel il a été payé et qu’il a accepté d’exécuter? Et puis le traitement antirabique, bien qu’il puisse sauver une personne de la mort, est non seulement très coûteux à la collectivité mais il aurait aussi des conséquences ultérieures sur la santé de ceux qui s’y soumettent.

Même les murs n’échappent pas à la dégradation de notre environnement. A l’affichage anarchique, aux inscriptions parfois obscènes de taggers s’ajoutent des banderoles qui ne disparaissent que lorsqu’elles tombent en lambeau.

Sur les routes de nos campagnes, le spectacle est également désolant. Les accotements sont envahis par des rejets de toutes sortes dont les plus significatifs et les plus en vue sont ces bouteilles de bière ou de vin vides jetées dans les champs après avoir été consommées. Cela a amené certains à mettre en place de véritables barricades en cailloux pour empêcher tout stationnement près de leurs terres. Aujourd’hui, il est difficile de trouver un endroit pour stationner sur certains axes routiers afin de se relaxer en famille. Les bons paient pour les mauvais.

Que nous réserve encore l’avenir ? Que fait l’administration chargée de répondre à nos préoccupations et prévenir les risques que nous encourrons ?

Administration : une réponse classique…

L’administration de l’environnement de la wilaya de Tizi-ouzou travaille pour répondre à une partie de ces préoccupations. Mais elle semble toute classique pour ne pas dire bureaucratique et froisser les bonnes volontés qui s’y investissent. L’administration répond donc aux préoccupations par l’inscription de projets. Ceux-ci sont dotés d’enveloppes financières conséquentes et orientés en priorité vers la prise en charge des déchets ménagers.

C’est ce que nous explique le directeur de l’environnement de la wilaya, M. Kabeche Salah, dans un entretien accordé à la Dépêche de Kabylie.

‘’La problématique de l’environnement porte à 70 pour cent sur cette question des déchets ménagers’’, affirme-t-il, en précisant que l’heure est à la réalisation de centres d’enfouissement techniques (CET) et autres décharges contrôlées.

Le plus urgent est de s’occuper, dès maintenant, des déchets ménagers et de voir les projets inscrits dans ce cadre aboutir au même titre que d’autres liés au développement local, selon M. Kabeche.

‘’Nous sommes une société qui consomme et qui génère des déchets. La réalisation d’un centre de traitement de déchets est une préoccupation au même titre que réaliser un hôpital, une école publique etc. Si on ne réalise pas ces centres d’enfouissements, les déchets vont rester dans les oueds, les forêts, les ravins’’, a expliqué M. Kabeche, pour qui le programme retenu s’insère dans une logique de ‘’développement intégré’’.

Parlant de l’effort engagé par l’Etat dans son secteur, M. Kabeche précise que plus de 300 millions de dinars ont été investis dans la réalisation du CET de Oued Falli, dans la banlieue du chef- lieu de wilaya et qui est en cours d’exploitation.

Ensuite 280 millions de dinars ont été également consacrés aux projets des CET intercommunaux de Draâ El Mizane, des Ouacifs et de Boubhir. Les travaux de réalisation de ce dernier sont à l’arrêt suite aux oppositions des citoyens du village de même nom.

Le cas de Boubhir

A propos du cas de Boubhir, le directeur de l’environnement tient à rassurer les habitants en affirmant que le centre d’enfouissement technique, en réalisation près de leur village, sur la route d’Azaghar, de la commune voisine de Bouzeguene, sera géré ‘’une fois réalisé et livré’’, par une entreprise de wilaya de gestion des centres d’enfouissements et que ‘’toutes les mesures ont été prises pour réduire et supprimer les nuisances éventuelles qui pourraient être générées’’.

Le nouveau programme quinquennal 2010 – 2014 porte sur la réalisation de deux décharges contrôlées, l’une à Beni Douala et l’autre à Beni Zmenzer. Les travaux sont en cours. Une enveloppe de 220 millions de dinars a été dégagée pour les deux projets dont ‘’on espère qu’ils seront livrés vers la fin du premier semestre 2011’’, a-t-il dit.

Il est retenu ensuite la réalisation de décharges contrôlées à Iferhounene, Ouadhias et Tadmait ainsi que deux centres d’enfouissement techniques intercommunaux à Mizrana et à Freha.

‘’Le cahier des charges est en cours d’élaboration, les choix des sites ont été faits’’, a précisé M. Kabeche, qui dit espérer voir s’exprimer le soutien des élus locaux, des citoyens et des riverains pour faire aboutir ces projets ensemble. Il est également envisagé à l’horizon 2014, la réalisation de CET à Boudjima et Souk-El-Tenine ainsi que d’autres décharges contrôlées.

Une Maison de la culture de l’environnement

Par ailleurs, les travaux de réalisation d’un centre de tri des déchets ménagers pour la ville de Tizi-ouzou, situé à l’intérieur du centre d’enfouissement de Oued Falli, ont atteint les 60 pour cent, selon le directeur de l’environnement de la wilaya. Il s’agit d’un projet dont la première tranche a nécessité un investissement de 150 millions de dinars, a-t-il précisé.

Le projet vise à valoriser les déchets comme un sous-produit et créer des emplois verts. ‘’Pourquoi enfouir du plastique ou du papier qui risque de réduire la durée de vie du CET alors que l’option de recyclage est meilleure?’’, s’est interrogé le responsable du secteur de l’environnement.

La réalisation d’une Maison de l’environnement à côté d’un projet de siège pour la direction de wilaya au niveau du lotissement Hamoutène, figurent parmi d’autres actions retenues, a précisé M. Kabeche.

La Maison de l’environnement, dont le projet d’étude a atteint sa dernière phase, deviendra un ‘’espace d’échange et de sensibilisation pour les associations versées dans le domaine. Il s’agit de réaliser une sorte de maison de la culture de l’environnement.’’

M. Kabeche fait état d’une trentaine d’associations versées dans l’environnement avec lesquelles son administration travaille ainsi que de la création de clubs verts en milieu scolaire. Par ailleurs, la direction de l’environnement a mis à la disposition des communes quelques 300 ouvriers (5 par commune), payés 12.000 dinars par mois pour des contrats de six mois renouvelables. Ils sont chargés d’effectuer des travaux liés à l’environnement dans les cités.

La campagne en bien mauvais état

S’agissant des bouteilles jjetées sur les routes, un phénomène qui prend de l’ampleur, une action dite ‘’Blanche Algérie’’ a été initiée par la direction de l’action sociale qui a chargé des tacherons d’enlever les déchets aux abords des routes.

Une opération pilote d’enlèvement des rejets en plastique aux abords des axes routiers est également lancée à Talla Athmane, Yakouren, la zone industrielle de Oued Aissi, Boukhalfa et la rocade sud. Trois tacherons ont été chargés de mener cette opération, selon la même source.

La direction de l’environnement compte sur la mise en place de tout un réseau de collecte de ces détritus pour y faire face. Le réseau devrait comprendre les collectivités locales, les entreprises responsables des emballages, les entreprises de tri et les ‘’valorisateurs’’ des produits (plastique, aluminium, papier…).

Par ailleurs, la direction de l’environnement entend encourager les jeunes à créer des déchèteries, à proximité des décharges contrôlées. Il suffit à un jeune promoteur de trouver un terrain de 400 mètres pour créer ce genre de déchèterie.

Il aura ensuite la possibilité de valoriser lui même le produit ou le céder à un autre.

Tizi-Ouzou privée de ses jardins

Le directeur de l’environnement reconnaît qu’il y a un manque d’espaces verts dans les cités et que le peu qui existe n’est pas bien géré. Il nous renvoie à une loi datant de 2007, qui oblige les communes à classer les espaces verts en prenant des arrêtés pour les préserver de toute convoitise.

Normalement pour 100 mètres carrés, 5% devraient revenir aux espaces verts. Il s’agit d’une norme fixée par la loi.

S’agissant des deux jardins de la ville de Tizi-ouzou, dont l’un, le square du 1er Novembre qui traîne à être livré il dit préférer que la direction de l’urbanisme s’exprime sur le sujet du fait que c’est celle-ci qui pilote l’opération de leur réhabilitation.

Le constat concernant ces deux jardins est clair: si le jardin Mohand Oulhadj, mitoyen du siège de la wilaya a été rouvert après des travaux de réhabilitation, le square du 1er Novembre, située en plein centre de la ville des Genêts, reste marqué par des travaux tournant au ralenti.

Le jardin Colonel Mohand Oulhadj, transformé comme un véritable joyau par les travaux de réhabilitation, reste marqué par des horaires d’ouverture et de fermeture très strictes pour ne pas dire bureaucratiques. L’ouverture se fait de 10 heures jusqu’à 18 heures y compris en été. Cela provoque une véritable privation plus particulièrement pour les personnes âgées qui avaient l’habitude de s’y rendre très tôt le matin ou en fin de journée.

Deux autres jardins de la ville de Tizi-ouzou sont pratiquement à l’état d’abandon. Il s’agit de celui situé juste en face du siège de la commune et de celui de la gare routière.

Saïd Al-Haroufella

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