Foule compacte, nervosité et gesticulations violentes, tel est le quotidien qu’affrontent ou plus précisément subissent les guichetiers (ères) des bureaux de poste à M’Chedallah, avec une pression supérieure sur l’agence centrale du chef-lieu de daïra. En effet, chaque matin au niveau de ladite agence, une foule importante s’agglutine des heures durant avant l’ouverture et prend d’assaut les guichets une fois à l’intérieur dans l’espoir de retirer quelques billets. Dans cette agence centrale, l’ensemble des guichetières sont de jeunes filles aux visages déformés par l’angoisse et qui doivent faire un effort considérable pour annoncer à des clients les yeux rouges et exorbités par la colère, le manque d’argent, s’attendant à chaque fois à recevoir en plein visage l’explosion d’une colère incontrôlée. La plupart des clients ignorent que ces malheureuses guichetières et les responsables de cette agence n’ont aucune responsabilité dans cette longue et inexplicable crise de liquidités. Cette bousculade évoquée s’explique par le fait que, parfois, quelques organismes publics viennent verser de l’argent liquide provenant des redevances de leurs prestations de service tel que la Sonelgaz. La nouvelle se propage rapidement et fait rappliquer des dizaines de citoyens à court d’argent. Telles que soient les sommes versées, elles ne peuvent satisfaire tout le monde, bien que dans ce cas, les retraits sont toujours limités à 10 000 Da, ce qui explique l’affolement et la ruée des clients sur les guichets. Un citoyen crie à tue-tête et à qui veut l’entendre qu’un dépositaire de semoule refuse de lui céder un sac à crédit et qu’il se voit contraint à rationner ses enfants alors que son compte CCP est substantiellement alimenté. Un autre s’emporte et rétorque en lui mettant sous le nez une ordonnance d’un malade chronique qu’il ne peut pas se faire servir faute d’argent. Ils sont nombreux à avertir qu’ils ne continueront pas à se taire encore longtemps, et menacent de passer à l’action. Une menace qu’il y a lieu de prendre au sérieux d’autant plus que ce problème de liquidités ne se pose pas dans des wilayas limitrophes telles que Béjaïa, Sétif et la capitale. Une information qui circule rapportée par de nombreux citoyens qui se sont fait servir dans ces régions sans aucune difficulté.
Oulaid Soualah