" Nous refusons et l’exil et l’immolation "

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Un groupe de chômeurs, âgés pour la plupart entre 20 et 30 ans, las de vivre une situation intenable et qui perdure ont organisé hier- matin ,à Béjaïa une marche entre les Quatre chemins et le siège de la wilaya en passant par le boulevard des Aurès. Tout au long de l’itinéraire, ils ont scandé à tue-tête des slogans hostiles au Pouvoir et porté à bout de bras des cartons en guise de calicots où les passants pouvaient lire :  » Un travail décent « ,  » Assez de chômage « ,  » Prise en charge sociale « .

Même s’il n’est pas assez compact, le groupe des marcheurs qui compte des diplômés et des universitaires aura au moins le mérite, dit Nourredine, un des initiateurs de l’action, de réveiller des consciences sur la situation des chômeurs. Il ajoute que pour mobiliser des foules, il faut des moyens, or les chômeurs n’ont même pas de quoi fabriquer les affiches et de là les diffuser le long du Sahel et dans toute la Vallée, c’est un autre problème. Dans leur appel à la marche diffusé la veille, les organisateurs de l’action ont ajouté  » Nous ne voulons être ni des immolés, ni des harraga  » et ils ajoutent  » nous ne voulons ni de l’ENSEJ qui mène vers la justice, ni de l’emploi des jeunes aux salaires humiliants « . Les protestataires ont aussi pour but de dénoncer le favoritisme qui règne dans les recrutements et les crédits ainsi que les cartes de main-d’oeuvre qui donnent l’illusion d’un recrutement tout proche. Pour ce qui est de l’ENSEJ, beaucoup de chômeurs le rejettent, parce que selon, il est quasi impossible pour un jeune sans expérience, qui a rarement eu à dépenser 10 000 DA , de gérer 1 million de dinars. Résultat disent nos interlocuteurs, il y a impossibilité de rembourser et traduction du jeune devant le tribunal.

Achour, chômeur, propose de regrouper, à titre d’exemple, 50 millions de dinars, de créer une petite entreprise qui sera gérée par un manager de métier et de recruter 50 jeunes chômeurs qui travailleront ainsi dans leur propre entreprise. Pour Zoubir, père de chômeurs, qui a pris part à marche, la solution au chômage consiste à ouvrir des usines et à ne pas vendre aux privés celles qui existent. Sofiane, un autre chômeur se pose la question de savoir comment dans un pays comme le nôtre où il y a tant de richesses, il y a tant de misère et les jeunes ne trouvent pas de travail. Pour Karim, psychologue au chômage, les marcheurs ont pour objectif de revendiquer des droits en tant que citoyens à part entière. Car un citoyen, souligne-t-il, a au moins droit au travail, au logement, à la santé et à l’éducation. Il ajoute que les chômeurs ne veulent ni s’immoler, ni s’aventurer en harraga vers d’autres contrées. Ils n’ont que l’Algérie comme pays, ils l’aiment, ils le défendront au prix de leur vie, s’il le faut, mais ils tiennent à y vivre dans la dignité.

B. Mouhoub

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