Par Mohand Akli Haddadou (*)
Si certaines gens, notamment parmi les intellectuels, répugnent à s’impliquer dans les débats politiques, c’est surtout par peur de se laisser embrigader et de servir des intérêts étroits. Cela est sans doute vrai dans un certain nombre de situations, mais cette crainte n’a plus sa raison d’être quand le débat engage l’avenir des peuples et des nations. C’est le cas de la charte pour la paix et la réconciliation nationale qui est proposée aujourd’hui au suffrage des Algériens.Aujourd’hui, chacun de nous est interpellé, notamment les intellectuels, dont le rôle premier est d’éveiller les consciences et d’écIairer les foules pour défendre ce projet.Aujourd’hui, les Algériens ont besoin de paix pour vivre mais aussi pour travailler, étudier, produire et développer leur pays. Certes, les blessures d’une décennie sanglante ne sont pas toutes pansées et les rancunes ne sont pas apaisées, mais on ne peut pas non plus continuer à vivre dans la haine et le ressentiment, et plus dangereux encore, dans le sentiment des revanches à prendre. Le temps est venu, non pas d’oublier ce qui s’est passé, mais de transcender les douleurs pour apprendre à vivre de nouveau dans la paix et la sécurité.La conciliation et la concorde font partie depuis toujours de nos traditions culturelles et spirituelles. Les conflits les plus graves, les inimitiés les plus solides finissaient toujours par être réglés parfois par un simple échange de paroles parce que la parole qui engage l’honneur des hommes était sacrée. Des hommes auxquels on faisait confiance !Et aujourd’hui, nous ne devons pas refuser d’accorder notre confiance à la parole d’un homme qui propose de mettre fin aux conflits qui nous déchirent, de ramener entre nous, conformément aux traditions que nous ont léguées nos ancêtres, la paix et la concorde. Cet homme a déjà montré sa capacité à régler les conflits et à réparer des injustices, notamment celle dont a été longtemps victime la langue amazighe. L’autre versant de la réconciliation nationale est bien cette langue qui constitue, avec L’Islam et la langue arabe, le socIe de l’identité nationale, voire de l’identité maghrebine. Dans le long chemin de la reconnaissance de l’amazighité, notre pays a toujours été à l’avant-garde : enseignement de la langue à l’université et à l’école, introduction dans les médias et, pour la première fois dans l’histoire du Maghreb consécration comme langue nationale. Dans un avenir proche, l’officialisation viendra parachever cette œuvre de réhabilitation qui réconciliera définitivement l’Algérien avec son identité. Demain, le président Bouteflika se rendra à Tizi Ouzou pour parler de paix et de réconciliation nationale. Bienvenue dans la ville des Genêts, bienvenue en Kabylie, au président de tous les Algériens, au Messager de la paix. Ansuf s umazan n talwit !
M. A. H.(*) Docteur d’Etat en linguistique amazighe, écrivain, universitaire